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Est-ce qu'une journée est suffisante pour faire son deuil ?

Quentin Autier
27 avr. 2019
00:33

Notre société actuelle se concentre sur la productivité et la "normalité" ainsi que le bonheur.

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C'est peut être pour cela que le temps autorisé pour faire son deuil est si court. Pourtant, la plupart des gens sont d'accord pour dire qu'on ne se remet jamais totalement de la perte d'un être cher, on apprend simplement à vivre avec petit à petit.

Michel Wieviorka, sciologue et directeur d'études à l’EHESS s'intéresse depuis longtemps aux êtres humains et à la manière dont les gens réagissent à certains événements traumatisants. Il déclare ainsi :

Un cimetière. l Source: Flickr

Un cimetière. l Source: Flickr

"Notre société est bercée dans une culture de l’immédiat, où un évènement en chasse un autre. Du coup, on n’imagine le deuil que comme une étape, un défi, un challenge, quelque chose à se défaire."

Pauline Ronez, fondatrice de la société "Une Rose blanche" qui permet aux gens de rassembler tous leurs souvenirs d'une personne décédée dans un livre considère cette vision du deuil comme erronnée :

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Une tombe. l Source: Flickr

Une tombe. l Source: Flickr

" Les gens ne parlent pas de leur deuil par peur d’être jugés. Ça semble inapproprié de parler du deuil. C’est triste. Et pourtant lorsqu’on leur en donne la possibilité, on se rend compte qu’ils ont beaucoup d’émotions à partager. Que leurs proches disparus ne les ont jamais quittés."

Pour elle, il est impensable de laisser si peu de temps aux gens pour se remettre de la mort d'un proche :

"Notre société ne laisse que peu de place au temps du deuil. Seulement trois jours d’arrêt de travail sont prévus pour le décès d’un conjoint, cinq jours pour celui d’un enfant."

Un groupe de tombes. l Source: Flickr

Un groupe de tombes. l Source: Flickr

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Et Pauline Ronez est loin d'être la seule à partager cet avis. En effet, Dimitry est un jeune homme de 23 ans qui a malheureusement perdu son frère il y a de cela quelques années. Un décès déchirant dont il lui a fallu longtemps pour se remettre. Dimitri n'a cependant pas eu l'impression d'être soutenu ni entendu dans sa douleur, comme si cela n'était pas acceptable :

"Au début, tout le monde est là et chaleureux. Puis, très vite, les injonctions à sourire, "tourner la page", deviennent incessantes. Je pense que si autant de personnes ne se remettent pas d’un deuil, c’est parce qu’ils le font mal, pressé qu’ils sont par les autres de passer à autre chose, de retrouver le bonheur. Cela fait des cicatrices factices et des bonheurs placébo qui ne font pas effet."

Il a pris la décision qui s'imposait et il a donc décidé de tout laisser derrière lui pour partir en voyage et dire adieu à son frère à son rythme et à sa façon.

Un cimetière. l Source: Flickr

Un cimetière. l Source: Flickr

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Michel Wieviorka trouve que cette façon de faire est très saine et il conseille de prendre son temps pour faire son deuil :

"Le deuil est un processus jamais terminé car il évolue avec le temps. La tristesse énorme des débuts devient peu à peu une nostalgie amère, puis on repense aussi au bonheur d’avoir connu la personne, etc. Se remettre d’un deuil, ce n’est pas oublié la personne, mais s’en souvenir de manière apaisée."

Les animaux eux aussi peuvent d'ailleurs ressentir les affres du deuil comme les humains et c'est un sentiment absolument déchirant que chaque personne devrait pouvoir prendre du temps pour s'en remettre.

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