"C'est une souffrance." : 1ère femme française guide de haute montagne en Europe
Martine Rolland est une femme courageuse et à la volonté de fer qui n'a laissé personne lui dire ce qu'elle pouvait faire ou non et l'empêcher de poursuivre sa passion.
Elle a été la première femme française à devenir guide de haute montagne et afin d'y arriver elle a dû faire ses preuves et faire taire tous ceux qui doutaient d'elle en leur montrant qu'elle était plus que capable de faire ce métier difficile.
Véritable amoureuse de la montagne, cette femme passionnée a décidé de gagner sa vie dans ce milieu si particulier qui était jusqu'alors intégralement masculin. Un défi de taille qu'elle a relevé avec brio, pavant la voie pour les rares femmes qui ont une envie similaire à la sienne.
DE VÉRITABLES ÉPREUVES
Elle voulait à tout prix devenir guide de haute montagne professionnelle malgré les difficultés que cela représentait. En effet, elle était la première femme à décider d'entrer dans ce milieu entièrement masculin et cela a été un véritable événement.
Si elle a fait ça simplement pour suivre son cœur et pas vraiment pour prouver qu'une femme était capable de faire ce métier malgré les doutes de certains (notamment la génération la plus ancienne de guides de montagne) sa participation à l'examen a pris une ampleur impressionnante. Elle raconte :
"J’étais la première femme à tenter de le faire en 1979. Je ne suis pas partie sur une démarche féministe mais quand je me suis retrouvée à l’examen, qui est public, il y avait beaucoup de gens autour, des journalistes et des guides de Chamonix. Ça a été très déstabilisant : je n’étais plus une candidate anonyme. J’étais là, avec mes tresses, au milieu des garçons. "
Tout s'est bien terminé puisqu'elle a terminé l'épreuve haut la main mais elle a aussi pris conscience qu'il existait certaines personnes farouchement opposées à l'idée de laisser une femme entrer dans leur univers.
Ils se sont d'ailleurs montrés particulièrement exigeants avec elle et l'ont forcé à faire ses preuves en la faisant passer en tête dans une cordée par exemple. Une fois ces épreuves réussies, elle a été acceptée par cette communauté fermée.
Elle précise cependant que ce sont plutôt les guides de Chamonix qui sont une génération plus ancienne qui ont eu un problème avec son statut de femme. La génération plus récente (à Briançon) l'a accueillie à bras ouverts et s'intéressait simplement à sa passion pour la montagne.
Elle termine sur ce thème en disant que son exemple n'a pas vraiment été suivi et que cela est sûrement lié au fait que peu de femmes aient envie de devenir guides de montagne.
UN AMOUR DE L'EFFORT ET DE LA MONTAGNE
Si elle a décidé de suivre cette voie c'est avant tout parce qu'elle aime la montagne et ses hauteurs et avec son mari, elle s'est attaqué à l'ascension de montagnes telles que le mont McKinley en Alaska. Il leur a fallu 20 jours pour en venir à bout et ils ont fait face à un temps terrible qui les a forcés à camper dans des crevasses par moments.
Elle a aussi grimpé l'Himalaya et a vu des paysages magnifiques à plus de 8 000 mètres altitude. Des ascensions inoubliables mais particulièrement éprouvantes :
"C’est difficile de parler de plaisir. Souvent, c’est une souffrance. En altitude, on n’est pas très bien. On dort mal, on a mal à la tête, on n’a pas très faim. Marcher sans oxygène est très pénible. Le plaisir, on le ressent quand on redescend. On se sent bien au niveau physique. Il y a un relâchement. Avoir réussi vous fait vous sentir sur un petit nuage."
Des confidences touchantes de la part de cette femme hors du commun qui n'a laissé personne lui dicter sa conduite et a laissé sa passion la guider.
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