Les fils de Coluche, "spoliés"et "sans un sou" après l'accident mortel de leur père, ont obtenu près de 600 000 euros après 30 ans de combat

Après 36 ans, la disparition de Coluche, le célèbre humoriste français, fait toujours parler. Laissant ses deux fils derrière lui, ils ont malheureusement dû faire appel à la justice pour toucher l’héritage laissé par leur père.

Fondé en 1985, la première campagne des “Restos du cœur” avait réussi à distribuer plus de huit millions de repas aux démunis. Plus de 35 ans plus tard, 70 000 bénévoles sont encore présents pour leur prêter main-forte.

Promue par le fameux spectacle “Les Enfoirés”, l’association tient toujours debout et c’est aussi grâce à la générosité du public et aux subventions. Et si elle est présente, c’est aussi et surtout grâce aux Colucci. Qui était donc Coluche, le fondateur des Restos ?

HEUREUX PÈRE DE DEUX GARÇONS

Michel Gérard Joseph Colucci, connu sous son nom de scène Coluche, est un célèbre humoriste français, père fondateur des “Restos du cœur”. Après avoir quitté la troupe du célèbre “Café de la gare”, il avait fait des apparitions dans des publicités et dans des séries.

Ensuite, il s’est lancé dans la création du groupe “Au vrai chic parisien - Théâtre vulgaire”. Et c’est au même moment qu’il a fait la rencontre de la mère de ses deux enfants, Véronique Kantor.

Interrogée par Europe 1, en 2016, celle qui a reçu la Légion d’honneur le premier janvier 2018 pour son rôle dans “Les Restos du cœur”, s'est livrée sur sa rencontre avec Coluche :

“Quand j'ai vu débarquer Michel au Café de la gare, c'était ahurissant. C'était tout à la fois, la timidité, la force, le rire, j'ai été séduite du premier coup.”

S’étant marié le 16 octobre 1975, le couple avait déjà eu leur premier garçon, Romain, en 1972. Puis, ils ont eu leur deuxième garçon en 1976. Aujourd’hui, dans la quarantaine, les deux hommes poursuivent les œuvres caritatives de leurs parents.

Outre “la politique de communication des Restos”, l’aîné de Colucci, Romain, a contribué à l’écriture de cinq livres qui mettent en avant la carrière de leur regretté père.

Quant à Marius Colucci, qui donne de temps à autre un coup de main à l'association, il s’est lancé sur les traces de son père, enchaînant quelques spectacles. D’ailleurs, il s’est lui-même laissé tenter dans l’écriture des textes et des chansons d’un spectacle de stand-up.

Rappelons-le, en 1986, l’année de la mort de Michel Colucci, les deux garçons n’étaient âgés que de quatorze et dix ans. Une perte tragique qui a amèrement touché la famille, mais aussi la France entière.

UNE TRAGÉDIE A TOUT CHANGÉ

Pour Marius, son père est mort d’un banal accident de la route, contrairement à ce que les autres disent des circonstances de son décès. S’étant lancé dans la course pour l’Élysée, en 1981, certaines personnes ont effectivement mentionné qu’il a été victime d’un assassinat politique.

“C'est un peu la même chose que pour Elvis Presley, Hitler ou Lady Di : les gens ne peuvent pas admettre qu'un type aussi extraordinaire puisse avoir une mort 'banale' et donc le fantasme prend le pas sur la raison et ils se mettent à penser tout et n'importe quoi.”

a révélé Marius Colucci lors d’une ancienne interview avec RTL.

Mais que s’est-il vraiment passé ? Le jour du 19 juin 1986, une année après la création des “Restos du cœur”, Coluche avait perdu la vie dans un accident sur la route des Alpes-Maritimes. L’amoureux de moto et de vitesse roulait avec ses amis sur sa Honda 1100 VFC rouge et noire.

Malheureusement, le père de famille de 41 ans, qui n’avait pas son casque, a été percuté à plein fouet par un camion et est mort sur le coup. De son côté, le conducteur du poids lourd ne s’en est pas sorti sans séquelle. Retrouvé par Le Petit Niçois, il s’avère qu’il a sombré dans la dépression après avoir arraché l’humoriste à son public adoré.

Plusieurs années plus tard, Albert Ardisson, le camionneur, a accepté de livrer quelques mots sur le tragique accident qui a bouleversé sa vie à tout jamais.

“Je ne l'ai pas vu, il a débouché. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre ? Je ne peux rien vous dire d'autre.”

a-t-il lâché dans un reportage sur Antenne 2.

Geneviève Delpech, la veuve de Michel Delpech, qui s’est entretenue avec Europe 1, en juin 2020, avait fait part de sa prédiction.

“Il y avait du monde et j'ai dit à Michel : 'Bon Dieu, il va changer sa moto et il va se tuer'. Alors Michel est allé voir Coluche, qui est venu me voir. Il m’a dit : 'Alors ma poule, il paraît que je vais me casser la gueule en moto !’. Et moi, je lui ai dit que c'était sérieux. Mais il ne m’a pas écoutée.”

Il faut croire que même plus de trente ans plus tard, la mort de l’humoriste fait toujours parler. Et malheureusement, elle a aussi contraint ses deux fils à mener un combat devant la justice, et ce, pendant de nombreuses années.

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LA JUSTICE A PRÉVALU !

Il a fallu que Romain et Marius attende plus de trente ans avant de pouvoir toucher l’héritage artistique du regretté humoriste, originaire d’Italie. Pour eux, les 31 enregistrements de Coluche, faits avant et après le mariage de leurs parents, doivent leur revenir.

Les deux fils de l’humoriste ont malheureusement dû se battre contre Paul Lederman, l’ancien producteur du défunt, pour mettre la main sur ses nombreux sketchs.

“À la mort de notre père, Paul Lederman nous a laissés sans un sou. Il nous a spoliés depuis toujours alors qu'il avait les moyens de nous payer. C'est la raison pour laquelle nous l'avons assigné au civil en 1998.”

a confié Romain Colucci dans un entretien rapporté dans Le Parisien.

Ce n'est qu'en février 2017, que les deux hommes ont alors connu leur première victoire contre l'homme qui a spolié l'héritage de leur père. La cour d’appel de Paris avait condamné l’ex-producteur à payer 400 000 euros d’arriérés sur douze sketchs de Coluche, écartant l’album d’“Enregistrement public volume 2”.

À la suite du premier jugement, l’ancien producteur de Coluche s’était donc acquitté de 558 000 euros au total. Et comme il a été précisé par Capital, Paul Lederman a ensuite été dans l’obligation de verser aux héritiers “40 000 euros de provision, dans l’attente des décomptes d’exploitations des enregistrements”. Par ailleurs, pour le tribunal de première instance, les fils de Colucci auraient pu toucher plus d’un million d’euros.

Il faut savoir qu’en parallèle de cette guerre avec Paul Lederman, Romain et Marius Colucci ont aussi continué à mener la guerre contre la famine. Attaché aux valeurs instaurées par leur défunt père, dont la générosité, la gratuité, l’accueille et l’écoute, les Colucci et des milliers de Français font perdurer “Les Restos du cœur”.

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