"Il était très faible" : Gérard Holtz, un ami proche de Daniel Bilalian, revient sur les derniers jours de sa vie

Daniel Bilalian, figure emblématique du journalisme télévisé français, est décédé le 15 mai 2025 à l’âge de 78 ans. Il laisse derrière lui une carrière marquée par l’élégance et la passion de l’information. Hommages et témoignages saluent un homme discret mais influent.

Le paysage audiovisuel français a perdu l’une de ses figures les plus familières. Daniel Bilalian, présentateur emblématique de France Télévisions, est décédé jeudi 15 mai 2025 à l’âge de 78 ans, des suites d’une maladie. Journaliste chevronné, homme de radio et de télévision, Daniel Bilalian avait su incarner, durant plusieurs décennies, un visage de l’information mêlant rigueur et élégance.

Né en 1947, à Paris, dans une famille aux racines mêlées — un père arménien, porteur d’une mémoire de l’exil, et une mère du Pas-de-Calais, ancrée dans la terre du Nord — Daniel Bilalian s’est, très tôt, laissé porter par le souffle des mots et le goût du récit. C’est dans les colonnes du journal L’Union de Reims qu’il fit ses premières armes en 1968.

Trois ans plus tard, il franchissait les portes de l’ORTF, au bureau régional d’information de Reims, avant de rejoindre celui de Lille en 1972. L’écran l’attirait, et il s’y glissa avec naturel, voix posée, regard franc, déjà empreint d’une rigueur qui deviendrait sa signature.

Le destin l’amena bientôt à Paris, au cœur de la rédaction nationale d’Antenne 2, où il couvrit l’actualité politique intérieure. De 1979 à 1986, les téléspectateurs découvrirent son visage chaque midi, au journal Antenne 2 Midi, qu’il présenta avec sérieux et clarté. En 1987, il fut choisi pour incarner les éditions du week-end, devenant une figure familière des foyers français.

Au fil du temps, il s’essaya à d’autres formats, avec la curiosité de ceux qui refusent l’enfermement. Dans Stars à la barre, il fit dialoguer deux personnalités sur des sujets de société. Il prêta également sa voix aux ondes de BFM, le temps d’une émission radio.

Mais c’est vers l’information pure qu’il revint en 1994, reprenant les rênes du journal de 13 heures, puis celles du 20 heures dès septembre 1995, en alternance avec Bruno Masure. Après le départ de ce dernier en 1997, il assura seul la présentation du grand rendez-vous du soir jusqu’à l’été 1998.

Plus discret mais toujours présent, il retrouva brièvement le 13 heures entre 2001 et 2004, avant de s’orienter vers une nouvelle aventure : la direction des sports de France Télévisions, qu’il accepta en février 2005. Ce rôle, qu’il endossa avec détermination, lui permit de continuer à vibrer au rythme des grands événements.

Infatigable, il rejoignit en 2013 l’équipe de débatteurs de On refait le monde sur RTL. Trois ans plus tard, il prit sa retraite. Il avait alors presque 70 ans.

Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages pleuvent. Collègues, personnalités du monde des médias ont salué la mémoire d’un homme discret mais influent. Parmi ces voix, celle de Gérard Holtz résonne avec une émotion toute particulière.

Ami de longue date, le journaliste sportif a partagé avec Gala le souvenir de leurs derniers échanges, marqués par la fragilité d’un combat contre le cancer.

"Il devait venir à Nice, mais la maladie l’a vraiment rattrapé. Il y a quinze jours, je l’ai eu au téléphone et il était très, très faible. Je m’étais dit qu’à mon passage à Paris — ce qui fut le cas hier — je passerais le voir à la clinique ", a-t-il confié.

"Son décès m’a beaucoup touché. C’était un ami vraiment intime", a ajouté Gérard Holtz, avant d’évoquer leur relation professionnelle, teintée d’humour et de respect mutuel. "En plus d’être mon ami, il a été mon patron. Ça arrange les choses", a-t-il indiqué en référence à leur collaboration à Stade 2. Et d’ajouter : "C’était un grand patron des sports. Le sport, ce n’était pas son domaine de prédilection — lui, c’était la politique. Mais il a pris son rôle à bras-le-corps. Il a été un remarquable négociateur, consolidant tous nos grands contrats : le Tour de France, Roland-Garros, les Jeux Olympiques… Grâce à lui, nous avons pu continuer à travailler dans de bonnes conditions à France Télévisions."

Avec tendresse, il s’est également remémoré l’homme derrière le professionnel. "On l’appelait “Bil”. Il avait beaucoup d’humour, c’était un garçon très chic, toujours tiré à quatre épingles".

Michel Drucker, grand ami de Daniel Bilalian, a, lui aussi, livré un témoignage empreint d’émotion au lendemain de la disparition du journaliste. "Il était malade depuis longtemps, mais il n’en parlait presque jamais. La dernière fois que je l’ai vu, je l’avais trouvé un peu amaigri… mais il ne m’avait rien dit. Il n’a jamais médiatisé sa maladie", a-t-il confié à TV Mag.

Profondément touché par cette perte, Michel Drucker a également exprimé son sentiment d’inachevé. "Partir à 78 ans, c’est tôt. Daniel avait encore tant à dire, tant à faire", a-t-il avancé avant d’évoquer leur dernier échange : "On se demandait ce que nous serions dans dix ou vingt ans…".

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