Geneviève Legay : Une médic témoigne de la brutalité policière, ce qui l'a empêchée de sauver la vieille femme
Mélissa, une street médic de Mélissa, 18 ans raconte comment elle a été violemment battue par des CRS après une tentative de son équipe pour secourir Geneviève Legay.
Si la chute qui a causé la blessure de la manifestante septuagénaire, Geneviève Legay, lors d’une charge policière à Nice le samedi 23 mars dernier, a été un des points saillants de l’acte 19 du mouvement des "gilets jaunes", une autre polémique surgit sur le fait que par la police ait interpelé des street médics présents sur place tandis qu’ils auraient pu lui apporter les premiers soins.
Des vidéos à l'appui sont d'ailleurs en circulation sur la Toile, dénonçant l’interpellation de plusieurs secouristes bénévoles à l'instar d'un tweet du compte Street Medic France.
"Nouvelle vidéo qui appuie les témoignages des secouristes volontaires du 06 #Nice sur les faits, au sujet des médis qui ont été empêchés d’intervenir (sur la dame âgée) par un policier portant un brassard tricolore sur lui"
est-il écrit en légende du tweet.
UNE MÉDIC TÉMOIGNE DE LA BRUTALITÉ DES CRS
"J’ai 18 ans, et je suis Street Medic dans les Alpes Maritimes. Le samedi 23 mars dernier, je me suis rendue à la manifestation Gilets Jaunes de Nice, qui avait été interdite par le Maire sur validation du Préfet des Alpes Maritimes. Je suis arrivée un peu en retard, vers 10h30, et mon équipe de Street Medics (13 personnes) était déjà sur les lieux, et déjà encerclée par un cordon de CRS. Je leur ai donné à boire, car ces derniers ne voulaient pas les laisser sortir de la nasse pour aller chercher des bouteilles d’eau",
explique-t-elle à Résolution Permanente en préambule. Puis, de continuer en détaillant comment son équipe a été empêchée de secourir Geneviève Legay qui ans "a été bousculée par les forces de l’ordre et est tombée au sol, saignant beaucoup de la tête".
"Mon équipe a tenté de lui porter secours, mais le commissaire nous en a empêchés. Mes Medics ont voulu reculer mais ils ont été gazés (un a même été bousculé) et 7 d’entre nous ont été interpellés. Le gaz était très violent, d’habitude il ne me rend pas malade, mais là je ne me sentais pas bien du tout",
a-t-elle précisé.
ELLE A ÉTÉ BATTUE POUR AVOIR AIDÉ UNE VIEILLE DAME EN DÉTRESSE
Puis, ce fut l'épisode ou le reste de son équipe et elle-même sont repartis en arrière, sous les insultes des CRS présents. Ensuite, essayant de sauver la vie d'une femme d’une soixantaine d’années, les CRS ont donné la charge et ont commencé à matraquer les jambes de la dame. Ce qui l'a poussée à placer sa jambe sur elle et le résultat évident est que c'est sa jambe qu’ils ont continué de matraquer avant de s'attaquer à son corps entier, "au moins une dizaine de fois".
"Je n’ai pas vraiment compté, à ce moment-là je voyais défiler ma vie et j’avais peur de mourir. J’étais dans un état second, je me sentais très mal",
UNE PLAINTE DÉPOSÉE
Alors que le commissaire ait ordonné son interpellation, elle a, par réflexe de survie, détaché son matériel d’assistance médicale qu'elle avait à la ceinture pour frapper le CRS qui l’empoignait avant de s'enfuir sur la rue Trachel ou elle a été secourue par des Gilets Jaunes qu'elle ne connaissait pas. Sous l'effet du choc elle a décidé de porter plainte.
UN PROCÈS LOIN DE NICE ?
En outre, une sollicitation de déplacer le dossier de Geneviève Legay dans un autre tribunal que Nice a été faite par Me Arié Alimi, avocat des trois filles de la militante blessée lors de la manifestation interdite le 23 mars. Selon lui, cette requête est justifiée par le fait que le parquet local manifeste un manque d'objectivité dans ce dossier "particulièrement sensible".
"Le préfet des Alpes-Maritimes est visé par la plainte, le parquet s'est positionné dans les médias en faveur des forces de l'ordre visées par la plainte et n'est donc plus objectif dans le cadre de sa mission de mise en œuvre de l'action publique",
déclare Me Arié Alimi dans sa demande, dont une copie a été partagée a l'AFP. Une supplique qui a tout son sens, notamment lorsque l'on considère que les trois filles de Mme Legay ciblent les policiers enquêteurs mais également le préfet pour "complicité de violences volontaires aggravées".
OFFENSE PUBLIQUE ENVERS MACRON
Geneviève Legay est toujours hospitalisée et souffre de multiples fractures du crâne et de cinq côtes fracturées. Emmanuel Macron a souhaité un prompt rétablissement à la septuagénaire, lors d'une interview à Nice-Matin avant de prendre l'avion à l'aéroport de Nice dans lequel il affirme regretter profondément l'incident, mais précise que l'exécutif doit, partout, faire respecter l'ordre public.
Une déclaration à laquelle la fille de Geneviève Legay a répondu de manière très directe :
"Qu'il arrive un jour à atteindre la sagesse de ma mère, ce sera beau. De toute façon, personnellement, je me fous de ce que dit ce monsieur."