Réaction des parents d'Hervé face à la mort de Vincent Lambert
L’interruption des soins de Vincent Lambert il y a neuf jours a rafraîchi de pénibles souvenirs chez Danièle et Paul Pierra, un couple qui est installé aux Sables-d'Olonne. En 2006, eux aussi, ils ont vécu une situation similaire et ont dû attendre six jours pour que leur fils, se trouvant en état végétatif chronique irréversible, décède après l’arrêt des traitements.
Mardi 2 juillet, depuis le début de l’interruption des soins de Vincent Lambert, Paul et Danièle, installés dans leur appartement des Sables-d'Olonne, vivent douloureusement cette situation.
"On attend l'annonce du décès de Vincent d'une minute à l'autre, d'un jour à l'autre. Mais si c'est d'une semaine à l'autre, ce n'est pas possible. On ne peut pas faire vivre ça aux proches, et laisser mourir quelqu'un tout doucement, comme ça. J'en ai la chair de poule. On l'a vécu, nous", témoigne Paul.
La photo de Danièle et Paul Pierra | Source: Twitter, France Bleu
Cette semaine les proches de Vincent Lambert ont indiqué dans un courrier qu'ils ne s'opposeraient plus à l'interruption des traitements. Les médecins ont donc stoppé les soins du patient. Cela fait déjà neuf jours qu’a eu lieu l’arrêt de l'hydratation et de l'alimentation jusqu’à sa mort.
Une longue attente du décès "inhumain" pour les proches
La famille Pierra a connu la même situation avec leurs fils Hervé, âgé de 28 ans, décédé en 2006. Ce dernier a essayé de se suicider en se pendant dans leur appartement, en région parisienne. Malgré que son père l’ait décroché et ait réussi à faire repartir son cœur, c’était déjà trop tard. Le cerveau d’Hervé a manqué d'oxygène trop longtemps. Le jeune homme est resté par la suite huit ans dans un état végétatif irréversible, avant que ses proches n'obtiennent le droit de le laisser mourir après de longs mois de bataille avec les médecins.
"Hervé, lui, n'a pas été sédaté. Il était comme en crise d'épilepsie permanente. On hurlait dans la chambre que ce qui nous arrivait, on se battrait pour que ça n'arrive pas à d'autres. Mais ça arrive à d'autres" dit Paul.
Hervé a été laissé six jours sans eau, nourriture et sédatif avant de mourir, six jours, pendant lesquels ses parents n’ont pu qu’attendre impuissants le départ de leur fils:
"Pourquoi priver les gens d'hydratation et d'alimentation, en sachant pertinemment la finalité, c'est-à-dire la mort, plutôt que de faire une injection létale dès qu'on l'a décidé pour faire partir la personne, la soulager et soulager les proches. Il ne faut pas faire attendre comme ça. C'est inhumain", regrette Paul Pierra.