"Je me suis immolé par le feu" - Jonathan Destin à C à Vous sur le harcèlement scolaire
Il semblerait que le harcèlement en milieu scolaire ait encore de beaux jours devant lui. Parmi les personnes qui en ont été victimes, il y a l’écrivain Jonathan Destin, qui avait voulu mettre fin à ses jours.
Moqueries, intimidations, violence physique, le harcèlement scolaire revêt bien des formes. Bien souvent, les victimes, désespérées ne voient plus que la mort comme échappatoire.
D’autres agresseurs préfèrent passer à l’acte par eux-mêmes. C’est le cas d’une collégienne nommée Alisha dont le corps a été retrouvé dans la Seine.
TABASSÉE ET TUÉE
Alisha était une jeune fille de 14 ans sans histoire. Elle aurait pu mener une existence paisible si elle n’avait pas suscité la jalousie de deux de ses camarades de classe. Ces derniers avaient fait intrusion dans l’un de ses comptes.
Ce piratage leur avait permis d’accéder aux photos intimes de la jeune fille. Dans leurs jeux machiavéliques, ils avaient dispatché des photos où l’adolescente n’était habillée que de sous-vêtements.
Non-contents du harcèlement moral, les deux adolescents impliqués dans l’affaire, auraient jeté Alisha dans la Seine. La jeune fille s’y était noyée. Son corps avait été repêché à Argenteuil, dans la soirée du 8 mars 2021.
À la suite d’une dénonciation de la mère de l’un des suspects, un jeune homme d’une quinzaine d’années et sa copine avaient été arrêtés. Tous deux sont soupçonnés d’avoir battu Alisha et de l’avoir noyée.
Une enquête a été diligentée par le parquet de Pontoise pour "assassinat". En outre, les enquêteurs privilégient la piste d’un acte prémédité. Les deux suspects ont été mis aux arrêts.
IL A ESSAYÉ DE S’IMMOLER
L’histoire d’Alisha interpelle et des voix s’élèvent pour témoigner de la dure réalité qu’est le harcèlement en milieu scolaire. Parmi ces voix, celle de Jonathan Destin. Celui qui est devenu écrivain, a bien voulu accepter de parler de son expérience dans l’émission "C à Vous" le 10 mars 2021.
Pendant près de 6 ans, Jonathan Destin, qui n’était qu’à cette époque un jeune collégien, avait été victime de harcèlement de la part de ses camarades. De 10 à 16 ans, la vie du jeune homme avait été un enfer. Au bord du désespoir, Jonathan Destin avait souhaité mettre fin à ses jours.
De toutes les solutions qui se présentaient à lui, le jeune homme avait fait le choix de l’immolation par le feu pour se sortir de son cauchemar. De nos jours, cette pulsion est très loin derrière lui, même si ses agresseurs n'avaient pas été punis. Il a réussi à trouver un sens à tout ça en venant en aide aux autres.
De fait, Jonathan Destin sillonne les écoles pour conscientiser les adolescents sur les ravages que peut causer le harcèlement et encore plus le cyberharcèlement. Pour que les uns et les autres mesurent l’ampleur des ravages psychologiques résultant d’un harcèlement, Jonathan Destin n’hésite pas à évoquer les mots et les gestes qui avaient cours pendant cette période de sa vie.
Parler de ce qu’il a vécu aux autres, représente également pour lui une forme de thérapie. Une thérapie qu’il a d’ailleurs entreprise dans son livre "Condamné à me tuer". Un titre choisi à juste titre, car à l’époque, c’est tout ce qu’il voulait faire. Jonathan Destin n’est qu’une victime parmi tant d’autres. Mais son histoire rappelle celle d’un lycéen dont la mère a fait un témoignage sur France 3 en 2020.
Cette mère de famille avait eu l’impression que le ciel lui tombait sur la tête quand elle avait appris que ceux qui harcelaient son fils depuis devaient réintégrer l’établissement. Elle n’avait d’ailleurs pas été la seule. Son fils de 16 ans était devenu constamment stressé. La peur que ses camarades s’en prennent de nouveau à lui le tenaillait.
Il faut dire que ses bourreaux n’y étaient pas allés de main morte. En effet, ils lui avaient uriné dessus, volés ses effets personnels, et même cassé son lit. Des photos de lui avaient été diffusées sur les réseaux sociaux. Un cauchemar absolu que l’adolescent avait eu grand-peine à sortir.
LE SCÉNARIO DE LA MORT D’ALISHA
Le jour de son décès, la jeune Alisha aurait rencontré deux de ses camarades de classe à l’ombre de l’autoroute A15, à l’écart de toutes habitations.