Bourvil : il a caché sa maladie rare et n'a pas laissé un grand héritage à ses enfants
Bourvil était l’un des acteurs les plus incontournables de sa génération. De par son beau parcours, il avait marqué le cinéma français dans les années 50 et 60. Malheureusement, en 1970, une maladie rare l’a emporté.
Tantôt acteur, chanteur et humoriste, Bourvil avait plusieurs cordes à son arc. Talentueux, ce dernier a su séduire le cœur de nombreux Français. Malgré sa carrière professionnelle couronnée de succès, la vie de ce grand nom du septième art n’a pas toujours été rose.
En effet, pendant plusieurs années, l’artiste luttait contre la maladie de Kahler. Hélas, il avait perdu son combat. Son décès a été un vrai coup dur pour ses fans, mais surtout pour ses proches, et plus précisément ses enfants. D’autant plus qu’il ne leur a pas laissé beaucoup d’héritage.
L'acteur, chanteur et humoriste Bourvil | Photo : Getty Images.
QUI ÉTAIT BOURVIL ?
Le 27 juillet 1917, dans la commune de Prétot-Vicquemare, en Seine-Maritime, André-Robert Raimbourg, alias Bourville, est né. Son nom de scène, il le doit notamment à un village normand où il s’est installé avec sa mère dès l’âge de trois ans.
Pour la petite histoire, lorsqu’il était adolescent, André-Robert a commencé à travailler dans une boulangerie. Néanmoins, à cette époque, il était davantage passionné par la musique. Histoire d'assouvir sa passion, le jeune homme avait alors décidé de reprendre à son compte le répertoire de Fernandel.
Il avait ensuite composé ses propres chansons. Et à la veille de la Seconde Guerre mondiale, à noter qu’à l’époque il était déjà marié, Bourvil avait participé à des radio-crochets. Il s’est fait surtout connaître sur les ondes de Radio Luxembourg, en plus d’écumer les cabarets.
En se lançant dans le monde du septième art, Bourvil a fait sa première apparition marquante dans le film “La Ferme du pendu”, sorti en 1945 et réalisé par Jean Dréville. Dans ce long-métrage, l’époux de Jeanne Lefrique avait surtout marqué les esprits grâce à sa fabuleuse interprétation du titre “Les Crayons”.
Bourvil à l'aéroport d'Amsterdam le 20 mars 1967, lors de la promotion de La Grande Vadrouille aux Pays-Bas. | Photo : Wikipédia.
Depuis, il est apparu dans de nombreuses fictions à succès telles que “Les Trois Mousquetaires”, “Passe-muraille”, “Le Miroir à deux faces”, “Le bossu” et beaucoup d’autres.
Par ailleurs, en devenant acteur, Bourvil a pu croiser le chemin de plusieurs personnalités emblématiques à l’instar de Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo ou encore Fernandel. Mais celui avec qui il s’associait le plus souvent, était Jean-Pierre Mocky.
Bref, côté carrière, Bourvil était un homme épanoui, jusqu’au moment où il avait appris une terrible nouvelle sur sa santé.
COMMENT A-T-IL APPRIS QU'IL ÉTAIT MALADE ?
La vie de Bourvil a basculé au milieu des années 60, plus précisément en 1967. Cette année-là, la maladie de Kahler, un cancer des os, faisait son apparition, alors que le comédien participait au tournage des “Cracks”.
L'acteur, chanteur et humoriste Bourvil | Photo : Getty Images.
En effet, après avoir chuté du vélo, l’artiste décelait un hématome qui révélait la nature de son mal, après un examen médical.
Depuis, sa vie se jonglait entre les chimios à Villejuif et les plateaux de cinéma.
Force est de constater que c’était une vraie galère pour le père de famille. Il s’en plaignait même à cause de ses douleurs. Toutefois, il le faisait en toute discrétion. Et même devant le public, l’acteur faisait tout pour dissimuler son mal.
“Je suis un homme heureux, en bonne santé, lucide(...) je m’efforce d’apprendre à vivre et à vieillir”,
évoquait-il dans une interview.
Bien que l’acteur fût dévoué à tout faire pour combattre sa maladie, il a quand même fini par perdre la vie.
L'acteur français Bourvil lors du tournage du film "L'étalon"de Jean-Pierre Mocky | photo : Getty Images
DE QUELLE MALADIE EST-IL MORT ?
Bourvil est passé de vie à trépas des suites de la maladie de Kahler, dont il souffrait pendant des années.
Aussi connue sous le nom de myélome multiple, la maladie de Kahler est une affection de la moelle osseuse. Elle est notamment provoquée par une prolifération incontrôlée des plasmocytes, un type précis de cellules sanguines de la famille des globules blancs.
En général, ces cellules fabriquent des anticorps. Sinon, concernant les causes de la maladie, il n’y a encore aucune certitude.Souvent, une personne atteinte de la maladie de Kahler souffre de douleurs osseuses. D’abord au niveau du dos, ensuite aux côtes, au cou ou au bassin, qui devient au fur et à mesure plus intense et tenace.
Des douleurs qui n’ont toutefois pas empêché Bourvil de continuer à travailler.
L'acteur français Bourvil sur le tournage du film "Le mur de l'Atlantique" qui débute en juin 1970 et réalisé par Marcel Camus. A cette époque, il lutte contre un cancer qui l'emportera en septembre de la même année. | Photo : Getty Images
CACHER LA MALADIE
À la fin de sa vie, il avait caché le cancer de la moelle osseuse dont il souffrait pour pouvoir continuer à jouer…
En homme dévoué et passionné, le père de Dominique et Philippe Raimbourg avait tout fait pour pouvoir continuer à jouer et dissimuler l’existence de sa maladie n’était pas une exception.
Alors qu’il était en proie au cancer de la moelle osseuse, Bourvil avait encore réussi à tourner ses derniers films. Notons que les producteurs avec qui il a collaboré ont notamment accepté de ne pas être couverts par les assurances.
D’ailleurs, d’après l’un de ses enfants, le comédien avait l’impression qu’il pourrait échapper à la mort lorsqu’il jouait.
L'acteur français Bourvil [ photo : Getty Images
Quoi qu’il en soit, seuls quelques proches du comédien étaient au courant de sa maladie. Parmi eux, son ami Georges Beller, à qui il s’était confié :
“C’est injuste, je n’ai jamais fumé, ni bu, ma femme m’a toujours soigné avec une cuisine saine.”
Malgré tout, l’acteur du film “Le Cercle Rouge” gardait le sourire. D’ailleurs, c’est ce qu’il faisait lors d’une interview qu’il a accordée le 29 mai 1970, alors qu’il avait le visage triste et les traits creusés.
“J’ai une bonne santé(...) Quand je serai vieux, je n’aurai rien à demander à personne. Si avec ça, je n’étais pas heureux, je serais à gifler”,
Pourtant, ses derniers sur terre étaient une vraie descente aux enfers.
DES DERNIERS MOIS DOULOUREUX
Le 5 août 1970, le chanteur disait à son épouse qu’il se couchait pour ne plus se relever. Alors que Melville avait besoin de lui pour le Cercle rouge.
L'acteur André Bourvil | photo : Getty Images
Ce dernier avait d’ailleurs eu du mal à le reconnaître. Sans doute, car Bourvil avait l’air très affaibli, très amaigri, sans compter la dilatation de son œil droit. Cette année-là, il parlait même à voix éteinte, évoquant la terrible crise de coliques néphrétiques auxquelles il avait dû faire face.
Bref, il était très dur pour Melville de voir Bourvil s’éteindre, d’où il s’est éclipsé dès que possible.
En septembre 1970, Bourvil était à Paris, logeant dans son appartement du boulevard Suchet. Chaque matin, quand il se réveille, le comédien s’installe dans un fauteuil jaune, près de la fenêtre.
Son épouse demanda “A quoi penses-tu ?”. Sa seule réponse c’est “ A rien”.
C’était le 22 septembre, dans l’après-midi. L’humoriste a commencé à agoniser. Ses enfants se retrouvaient au pied de son lit.
Vers minuit, il disait :
“Et pourtant, je ne voulais pas mourir.” Puis, il s’est éteint à une heure du matin.
Portrait de l'acteur français Bourvil dans les années 1950. | Photo : Getty Images
PAS UN "GENTIL GARÇON"
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les derniers jours d’André-Robert Raimbourg était un vrai calvaire. Un calvaire qu’il ne souhaitait pas partager à qui que ce soit.
Comme l’a déclaré Jean-Pierre Mocky, avant sa disparition, Bourvil avait demandé à ce que personne ne sache qu’il est décédé, avant son enterrement.
Malheureusement, ça ne fut pas le cas. Au contraire, dès que la nouvelle a été révélée, de nombreuses personnalités se sont empressées de venir chez lui à Paris. Tout le monde attendait dans le salon, tandis que Bourvil, l’homme pas du tout gentil et coléreux selon Jean-Pierre Mocky, était allongé dans son cercueil. Il était entouré de sa femme et ses enfants, qui ont touché peu d’héritage après sa disparition.
L'acteur Bourvil. | Photo : Getty Images
COMBIEN A-T-IL LAISSÉ POUR SES ENFANTS ?
Au cours de sa carrière, Bourvil avait joué dans de nombreux films à succès. Des films qui lui ont permis de bien gagner sa vie même si à l’époque, celui qui a été décoré Chevalier de l’ordre des Arts et de Lettres ne négociait pas les droits sur les entrées en salles.
Paradoxe, de l’œuvre de leur père, ses fils, Dominique et Philippe Raimbourg ne touchent qu’entre 4000 et 8000 € par an. Une situation qui ne dérange vraisemblablement pas ses deux héritiers.
L'acteur, chanteur et humoriste Bourvil et ses deux enfants Dominique et Philippe | Photo : Getty Images.
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