131e victime du Bataclan : "culpabilité du survivant" et "cancer" que personne ne guérit
Le jeudi 7 octobre 2021, les blessés de l’attentat du 13 novembre 2015 sont passés à la barre pour témoigner. Ils ont raconté avec courage cette nuit d’horreur, mais aussi ce qu’ils sont devenus depuis l’accident.
Des survivants du massacre perpétré par l'État islamique en 2015 dans la salle de concert du Bataclan à Paris ont raconté qu'ils ont "fait le mort" sur le sol pendant des heures pour éviter d'être abattus. C’était un moment horrible.
UNE ASTUCE QUI AURAIT SERVI
Au total, 130 personnes ont été tuées dans des attentats-suicides et des fusillades synchronisés dans des lieux de Paris la nuit du 13 novembre 2015, dont 90 fans de rock qui regardaient le groupe américain Eagles of Death Metal se produire au Bataclan.
Des femmes se tiennent près de la plaque commémorative des victimes des attaques terroristes de novembre 2015 à Paris, le 8 septembre 2021, près du théâtre et du café Bataclan, Paris, France. | Photo : Getty Images
Vingt personnes sont jugées pour ce bain de sang, dont le seul membre survivant de la cellule IS à l'origine des attentats, Salah Abdeslam. La plupart d'entre elles risquent la prison à vie si elles sont reconnues coupables.
Les témoins ont entendu les récits poignants de certains de ceux qui ont survécu à l'attaque et à la prise d'otages qui ont duré plus de deux heures au Bataclan. Irmine, 55 ans, a été la première à venir à la barre.Fabian, l'ami d'Irmine, a été parmi les premiers à être abattu lorsque trois assaillants ont fait irruption dans la salle et ont commencé à arroser la foule de tirs automatiques.
Irmine dit avoir entendu l'un des assaillants, qui avait "une voix plutôt aiguë, presque enfantine, crier 'la France n'a rien à faire en Syrie', puis 'je vais tuer la première personne qui bouge'".
Plaque commémorative des victimes des attaques terroristes de novembre 2015 à Paris, le 8 septembre 2021, près du théâtre et du café Bataclan, Paris, France. | Photo : Getty Images
Jean-Marc venait de s'éclipser du concert pour fumer une cigarette lorsqu'il s'est retrouvé nez à nez avec les tireurs. Selon son témoignage, il a vu des gens autour touchés par les balles, tout le monde s'est mis à crier et à tomber, soit parce qu'ils avaient été touchés, soit parce qu'ils avaient été emportés par la déferlante.
Jean-Marc est également tombé au sol, où il est resté pendant les deux heures suivantes. Le visage collé au sol, il n'a pas pu voir le reste de l'horreur se dérouler, mais a pu voir les pieds d'un des tireurs à proximité. De nombreux survivants disent avoir fait le mort, et que c’est sans doute ce qui les a sauvé.
QU’EST DEVENU VALETTE, 131e VICTIME ?
Guillaume Valette était un rescapé de l’attentat qui s’est malheureusement suicidé deux ans plus tard. Il est la 131e victime du Bataclan, et près d’un mois avant son suicide, survenu le 19 novembre 2017, sa famille avait fait part des innombrables blessures psychiques qu’il avait.
C’est la papa de Guillaume Valette, Alain Valette, qui a pris la parole face à la cour d’assises spéciale de Paris. Il rappelle qu’au soir des attaques, Guillaume assistait au concert et s’était retrouvé enfermé deux heures et essayant d’échapper à la mort. Selon son papa, le jeune homme détestait la violence, et se retrouver dans un tel chaos a eu des séquelles sur son mental.
"Il en est sorti vivant et physiquement indemne, mais profondément atteint sur le plan psychique… Il n’a pas reçu de balle dans le corps, mais des balles psychiques qui l’ont progressivement tué",
a partagé son père.
En ressortant de cette salle de concert, le jeune homme de 31 ans était exténué, glacé et recouvert de sang. Ses proches ont tout de suite compris qu’il y aurait un après Bataclan pour lui, et par conséquent, étaient très inquiets.
La première alerte remonte au 8 juillet 2017. Guillaume était convaincu qu’il avait une maladie grave, voire mortelle. Il a consulté plusieurs spécialistes, qui ne trouvaient rien puisque tout se passait uniquement dans sa tête. Son cas s’aggrave de plus en plus, et en fin août 2017, ses parents impuissants ont pris la décision de l’hospitaliser en psychiatrie.
Cependant, Guillaume est resté bloqué dans son délire, et le 19 novembre 2017, seulement six jours après le deuxième anniversaire des attaques, le jeune homme se suicide par pendaison dans sa chambre dans une clinique psychiatrique. Il n’avait que 31 ans. Dans une lettre, il fait savoir qu’il avait un cancer de l’œsophage, et une autopsie l’a par la suite confirmé.
Alain Valette déplore le fait que les psychiatres aient compris la situation de son fils trop tard, car il aurait peut-être été possible de mieux appréhender ces blessures invisibles. Selon le papa éploré, Guillaume n’avait pas vraiment le choix en se suicidant car il était gravement blessé de l’intérieur. Pour la maman, Arlette, Guillaume était un blessé de guerre, et aurait donc dû avoir un traitement spécifique.
LA SŒUR D’ANTOINE GRIEZMANN ÉTAIT AU BATACLAN
Dans le documentaire exclusif "Griezmann confidentiel", la sœur du célèbre Antoine Griezmann, Maud Griezmann, est revenue sur le soir des attaques, car elle s’y trouvait également. Tout comme pour les autres survivants, la vie après n’a pas été des plus faciles.
Devant Alessandra Sublet, la jeune femme révèle que lors des attaques, sa seule pensée était qu’elle sortira de cet endroit vivante. Elle ne pensait à rien d’autre, à aucun membre de sa famille, uniquement à sa survie. Et fort heureusement, c’est ce qui s’est passé.
Theo et Maud Griezmann assistent aux GQ Men Of The Year Awards au musée d'Orsay le 23 novembre 2016 à Paris, en France. | Photo : Getty Images
Après l’intervention des forces de l’ordre, ce n’est que très tard dans la nuit que Maud a pu appeler sa famille pour lui expliquer la situation. Elle s’était réfugiée dans un restaurant non loin du Bataclan, avec d’autres survivants. Pendant ce temps, la police continuait les opérations à l’intérieur.
Après cette soirée horrible, Maud et les autres survivants ont dû se reconstruire. Cela n’a été évident pour personne, et encore moins pour Guillaume Valette, qui a fini par se donner la mort.
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