Cette femme apporte des témoignages sur la sédation
L'affaire Lambert ne cesse de faire parler d'elle en relançant le débat sur la fin de vie d'une personne. Une femme témoigne du choix de son père de mourir par sédation.
Le 20 mai 2019 a été un jour marqué par des rebondissements dans l'affaire Lambert. Au matin, les médecins du CHU de Reims ont commencé l'arrêt des soins donnés à Vincent Lambert.
Une décision à laquelle les parents du patient se sont opposés et en début de soirée, la Cour d'appel de Paris ordonne la reprise des soins attribués à l'homme de 42 ans.
Face à cette nouvelle, de nombreuses personnes sont ravies et salue une victoire pour la vie. D'autres au contraire s'indignent contre un acharnement thérapeutique.
Depuis que Vincent Lambert est devenu tétraplégique, dans un état végétatif irréversible, la famille est déchirée sur son sort. Les parents de l'homme d'un côté souhaitent le maintenir en vie, ils voudraient qu'il soit transférer dans un établissement spécialisé qui est déjà prêt à l'accueillir.
Pour le père et la mère de Vincent, leur fils est certainement très handicapé mais il n'est pas un légume ni mourant. De l'autre côté, la femme de l'ancien infirmier. Elle souhaite "laisser partir" son homme, comme elle l'a expliqué dans son livre "Parce que je l'aime, je veux le laisser partir".
Pendant que les débats se poursuivent au sein de la famille de Vincent, une femme a décidé de témoigner pour le décès de son père. Une mort qui est survenue à la suite d'une sédation longue et profonde.
Charlotte Demettre, une femme de 40 ans s'est confié sur la fin de vie de son père Yves Demettre, à 65 ans. Elle raconte que ce dernier était atteint du cancer du côlon en 2014.
Les médecins qui s'occupaient de son cas lui ont donné une espérance de vie de 2 ans au maximum. Le sexagénaire a tout de même tenu un an de plus que les prévisions.
Malgré qu'il paraissait en bonne santé, les contrôles médicaux montrent que son cancer évolue et que les tumeurs progressent dans son corps et même à son cerveau. Les médecins lui ont annoncé que le sexagénaire risquait de devenir paraplégique.
Face à la nouvelle, Yves Demettre n'a pas mis longtemps pour prendre une décision. Il a demandé son entrée à la polyclinique de Grande-Synthe et a demandé la mort par sédation.
"Il avait réfléchi avant, mais il n’en avait jamais parlé. Il est entré en soins palliatifs un mardi, le mercredi il a annoncé sa décision… Le jeudi, la commission s’est réunie et l'a validée.
Vu que son pronostic vital était largement engagé, ils ont entamé la sédation longue et profonde le lundi matin suivant",
a déclaré Charlotte Demettre.
Yves Demettre est décédé en septembre 2017, après quatres jours de sédation.
Charlotte Demettre qualifie aujourd'hui l'acte de son père comme étant "un énorme cadeau". Pour elle, c'est un poids énorme qu'a fait éviter son père à la famille. Évitant à chacun de le voir souffrir.
"On a passé quatre jours avec lui dans la chambre, c’était irréaliste. Quatre jours hors du temps, avec une grande horloge sur le mur. Il était extrêmement serein, tout le monde est venu lui dire au revoir. On a même bu du champagne",
a-t-elle déclaré.
Pour Charlotte Demettre, la décision des parents de Vincent Lambert de le maintenir en vie est incompréhensible :
"Je n’arrive pas à me mettre à sa place. Je ne comprends pas comment elle peut vouloir ça, c’est complètement égoïste, juge-t-elle.
Quand on repense aussi à l’affaire Vincent Humbert, avec une maman qui s’est battue pour faire arrêter les souffrances de son fils… C’est aussi grâce à elle qu’on a la loi Léonetti",
a-t-elle conclu.
L'affaire Lambert n'est pas juste une affaire familiale, même l'église et la religion sont concernées.
Le Vatican s'est prononcé dans un tweet, lundi 20 mai 2019, dans l'affaire Vincent Lambert et demande la protection de la vie "du début à la fin naturelle" du tétraplégique.