Mansour Bahrami est arrivé en France fauché et a dormi sur le banc de Roland Garros - À 62 ans, il a participé une nouvelle fois au tournoi
À son arrivée en France après avoir fui son pays d'origine, Mansour Bahrami dormait sur le banc de Roland-Garros. Toutefois, malgré les difficultés de la vie, il a pu réaliser son rêve de devenir l'un des plus grands joueurs de tennis. D'ailleurs, à 62 ans, il a retenté l'expérience sur la mythique terre battue.
Mansour Bahrami est une légende du monde du tennis. Et pourtant, le chemin pour arriver à ce stade était loin d’être un long fleuve tranquille pour le sportif. Fort heureusement, voulant atteindre ses objectifs, il a pu avancer dans la vie.
IL A QUITTÉ SON PAYS AFIN DE RÉALISER SON RÊVE
Mansour Bahrami n'est sans doute plus à présenter pour les fans de tennis. Comme nous l'avons dit en prélude, avant de devenir l'un des plus grands noms de ce sport, il a connu des hauts et des bas. Mansour Bahrami est né le 26 avril 1956 à Arak, en Iran et depuis son plus jeune âge, l'homme était déjà passionné par le tennis.
Toutefois, lorsqu’il était jeune, il n’est pas allé plus loin que la qualification à Wimbledon. Et pour cause, les dirigeants de son pays d’origine ont notamment bloqué sa route vers le succès. C’est ce qu’il a d’ailleurs confié au cours d’une interview accordée à AlJazeera.com.
"Mon père était jardinier dans le plus grand complexe sportif d'Iran (...) quand j'avais deux ou trois ans, j'ai vu tous les terrains de sport. Je pouvais jouer à tout sauf au tennis car le tennis était réservé à l'élite et aux riches",
a-t-il déclaré.
Pour autant, cela ne l’a pas découragé. Au contraire, Mansour Bahrami a continué à jouer, même s’il devait le faire avec des poêles à frire en métal ou encore des morceaux de bois. Jusqu’à ce que la fédération lui donne deux raquettes à l’âge de 13 ans, en lui permettant de jouer pour de vrai.
À l’époque, le tennisman avait d’ailleurs participé à l’un des plus célèbres tournois du pays. Cependant, quelques années plus tard, soit en 1980, les choses ont pris une autre tournure, après que l'Ayatollah prenne le pouvoir en Iran. Pendant trois ans, les courts étaient en effet interdits d’accès.
Heureusement, la situation a fini par changer en mieux, et Bahrami a repris sa raquette. Ainsi, après avoir gagné à un tournoi à Téhéran, sa carrière a pris son envol. Et ce, en partie grâce à sa compagne de l’époque, qui avait fait preuve d’altruisme.
"J'ai gagné le tournoi et le prix était un billet pour Athènes, que j'ai donné à ma petite amie à l'époque. Le lendemain, elle (...) m'a dit que je devais le prendre et payer 200 $ supplémentaires pour changer le billet pour me rendre à Nice, afin que j'aie la chance de jouer au tennis (...) cela a changé ma vie pour toujours",
avait-il confié sur son propre site web.
Bien évidemment, le natif d’Iran a fini par quitter son pays pour faire carrière en France, mais aussi pour fuir la révolution. Pour autant, ses premiers jours dans l’hexagone n’étaient pas des plus simples.
Et pour cause, à l'époque, le tennisman n’avait pas d’argent. Il n’avait même pas d’endroit où aller, c’est pourquoi il dormait sur le banc de Roland Garros et vivait comme un SDF.
Malgré cela, il a toujours gardé la tête haute, avec un objectif en tête. Ainsi, grâce à son dévouement, ses efforts ont fini par payer. En effet, il a rejoint l’AFP en tant que professionnel, à 30 ans.
IL JOUE À ROLAND GARROS À LA SOIXANTAINE
Il faut dire que tous les meilleurs moments de sa vie ont eu lieu quand il avait la trentaine. À commencer par l’obtention de sa nationalité française à 33 ans.
C’était également à cet âge-là que le tennisman a atteint la finale du fameux tournoi Roland-Garros, en double. Un parcours exceptionnel qui le pousse encore à jouer, malgré son âge.
En effet, dans la soixantaine, Bahrami continue toujours à divertir le public, comme il l’a fait en 2018, lors du tournoi Roland Garros. Il avait 62 ans cette année-là, mais est toujours resté le même, avec son sourire éclatant, sa grosse moustache, sa force et son sens de l’humour, bien qu’avant, il disait qu’il n’était personne.
Notons que lors du tournoi, le tennisman jouait en double avec Santoro, contre Pernfors et Wilander.
Et ce n’est pas tout. Même à l’âge de 66 ans, Mansour Bahrami continue également d’enflammer les tournois et reste l’une des attractions phares du monde du tennis. D’autant plus qu’il aime être l’animateur en chef des invitations.
"Depuis que j'avais 15 ans, la première chose qui me venait à l'esprit était la foule, plaire à la foule",
a-t-il évoqué dans une interview accordée à Al Jazeera, avant d’ajouter :
“Je voulais que les gens passent un bon moment (...) Quand le public rit, je suis l'homme le plus heureux du monde”.
"J'AURAIS PRÉFÉRÉ MOURIR QUE DE NE PAS JOUER AU TENNIS"
Si Mansour Bahrami ne détient pas le record du meilleur joueur de tennis au monde, il reste l'un des plus grands qui ont marqué l'histoire du sport de raquette. Il peut même être fier de ce qu’il a accompli après des années de carrière, mais aussi après le long chemin qu’il a dû parcourir avant d’entrer dans la catégorie professionnelle.
Un chemin qu’il ne regrette sans doute pas, en croire sa déclaration au cours d’une interview qu’il a accordée en 2019. Selon ses dires :
“(...) je suis parti, parce qu’en tant que joueur de tennis, je n’avais rien à espérer en Iran. Mon avenir et ma vie, c’était de jouer au tennis. J’aurais préféré mourir que de ne pas jouer au tennis. Si je ne jouais pas au tennis, je serais resté en Iran (...)”.
L’incroyable histoire de Mansour Bahrami vient de montrer qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser son rêve. Certes, le chemin peut être long et rempli de dures épreuves, mais il en vaut toujours la peine.
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