"On s'aime" Marc Lavoine revient sur son divorce avec Sarah Poniatowski
Lors de la sortie de 'Je reviens à toi', Marc Lavoine, âgé de 55 ans, s'est confié sur ses ruptures au cours d'une interview.
AmoMama vous fait part de cette histoire rapportée par le Nouvel Obs.
Marc Lavoine n'a plus la même imagine, il y a trois ans il avait sorti son livre 'Lhomme qui ment', dans lequel il avait fait le portrait assez cru et émouvant de son père.
Les gens l'ont vu d'une façon différente, celui qui était vu comme un séducteur a rapidement chaviré. Il avait par la suite sorti 'Je reviens à toi' avant de publier le portrait de sa mère, six ans après avoir sorti 'Je descends du singe'.
Ce disque est sorti très peu de temps après qu'un communiqué officiel soit sorti, annonçant la séparation d uchanteur et de sa femme Sarah, le disque étant un disque de rupture lui-même. S'agissait-il d'un plan marketing ?
Voici l'interview qui a été partagée par le site Nouvel Obs :
Vous avez 55 ans. En écoutant ce disque, très sombre, on se demande si pour vous la fête n’est pas finie.
La fête n’est jamais finie, sauf quand on meurt. Là, la messe est dite en effet. C’est ce que j’avais écrit dans mon livre sur mon père. La fête n’est pas finie puisqu’elle consiste à être traversée par des sentiments, à faire et refaire tout le temps la même chanson, comme un peintre qui peindrait toujours le même sujet sous des angles différents, quitte à devenir fou. La fête n’est pas finie, au contraire elle recommence.
Vous rendez-vous compte que votre disque est très noir ?
Il n’est pas noir. Il se rapproche plus de David Hockney que de Francis Bacon. J’aime beaucoup Bacon, mais ce doit être difficile de vivre avec une de ses œuvres chez soi. Hockney est plus clair, bleu ciel, rose, jaune. Il y a des moments noirs dans ce disque, mais pas "Station Otoniel", "Je reviens à toi", "Beau comme Rimbaud", "Comme je t’aime", "Je panique en douceur", "Le temps perdu", "Un soleil inattendu".
Oui et non. Vous écrivez, par exemple : "Encore un peu vivant sans trop savoir comment", "Plus de force dans les bras"…
Le chagrin est un mot qui revient beaucoup dans ces chansons, tout comme la bohème. Vous pouvez considérer que le chagrin est noir, moi je ne le pense pas. C’est une naissance. Je ne me plains pas d’avoir du chagrin. Un chagrin d’amour, ou un chagrin tout court, peut vous construire. Et la bohème m’apparaît comme une éclaircie, un chemin, une perspective. Noir, non. La noirceur, l’abîme, tout ce qui est glauque m’ennuie, et me fait peur. Quand j’écris "Je panique en douceur", il faut en retenir la douceur.
Mélancolique au moins ?
Je suis lypémaniaque, ce qui veut dire que j’habite un pays mélancolique, en un peu plus profond, plein de maharadjas, de choses jolies, de fleuves à traverser. L’eau est très présente dans mes chansons, il y a souvent un mouvement aquatique, comme un flot. Ma mère, qui était maladivement mélancolique, m’a offert en héritage sa lypémanie. J’ai beaucoup d’elle en moi. A sa mort, j’ai eu l’impression que la pureté me quittait. J’ai vu en noir et blanc. Mais maintenant, depuis ce disque-là, depuis que j’ai fait un pas de côté, je vois de nouveau en couleurs. Donc, je ne suis pas désespéré et je ne trouve pas mon disque sombre. Ma voix ne l’est pas.
Avez-vous fait l’expérience de la psychanalyse ?
Oui, pendant deux ans. Mon psy va très bien. Il va mieux, en tout cas. La poésie, pour moi, consiste à savoir perdre son temps. Parfois, on a rendez-vous avec quelque chose et ce n’est pas la carte American Express qui va vous l’apporter. A mon âge, comme vous dites, à 55 ans, il fallait une forme de radicalité, et ce pas de côté consistait à écrire un livre, à faire du théâtre et du cinéma avec des sujets qui m’inspirent.
Quel a été le déclic ?
Plusieurs choses. J’ai eu 50 ans, d’abord. Ensuite, j’ai vu des artistes autour de moi faire leur métier comme s’ils géraient une PME. Ça m’a démobilisé, défoncé. L’acteur qui vous pique des scènes, qui ajoute des répliques qui ne sont pas écrites, etc. En même temps, je travaillais sur le gaspillage alimentaire, j’ai rencontré des paysans du Nord. J’ai écouté André Pochon, j’ai vu des gens se désintoxiquer du numérique, j’ai passé vingt-cinq ans à travailler avec des autistes, j’ai passé du temps avec des enfants malades. Le temps n’est pas le même. Mon album n’est pas noir : il est épris de cette vie-là. Il fallait à un moment que je me dise la vérité, sans quoi j’allais devenir un chanteur répétitif.
Que raconte votre chanson "45 tours" ?
Elle parle du passé comme s’il venait de se produire. Je suis arrivé à Paris à 16 ans et j’ai commencé à travailler à l’Olympia, j’ai tourné dans mon premier film un an plus tard. J’ai juste eu le temps de cligner des yeux et me voilà. C’est passé si vite. Quand je pense que "les yeux revolver" a déjà 35 ans ! Le passé, c’est important, parce que les pierres parlent. Quand on enlève les noms sur les pierres, on obscurcit l’avenir. J’aime beaucoup les cubistes, parce que tout est sur le même plan : le profil, le côté, le trois-quarts. Notre mémoire est une boule à facettes qui tourne en permanence, comme disait Charles Trenet, un petit cinéma qui vous projette à l’intérieur de vous.
Vous écrivez sur votre mère ?
Le roman s’intitule "Quand arrivent les chevaux", car ma mère craignait la disparition des chevaux sauvages. Nous y sommes.
C’est un livre sur le deuil ?
Le deuil pour moi, c’est un vœu de silence. On nous demande tout le temps de parler, surtout dans cette grande machine à fabriquer des vedettes. On vous demande de vous exprimer quand un artiste meurt. Moi, je n’ai rien à dire, je n’ai pas les mots. Sur Gainsbourg, par exemple, je n’ai jamais beaucoup parlé de lui. Je préfère laisser partir les gens. J’ai eu du mal à laisser partir ma mère, mais elle n’appartient à personne. Donc, ce sera un livre contre les adultes, pour les femmes, pour les hommes, pour les enfants et pour les chevaux. Je n’aime pas trop le monde des adultes, il n’est pas drôle. Je n’en suis pas, je suis un homme qui joue : de la musique ou la comédie. Ce sont les enfants qui jouent. Le monde des adultes est celui des gens raisonnables, des gens apprivoisés. Ce sont des enfants qui ont raté leur vie.
Vous pensez que votre physique a beaucoup compté dans votre succès.
Non. On a dit que j'étais un beau gosse, que j'étais pédé, etc. Voilà comment on vous accueille dans le métier quand vous arrivez à 22 ans. Il faut être solide, il faut avoir des nerfs d’acier quand on veut s’essayer à la poésie. J’ai su tout de suite que j’allais vivre dans la poésie. Le charme c’est de ne pas se toucher, de ne pas se regarder. Ne pas confondre sa peau et ses vêtements. Savoir qu’au maquillage on maquille un personnage. Ce que je chante est plus grand que moi. J’aurais pu me décolorer un peu, me botoxer, je ne veux pas. Je ne fais pas un bras de fer avec la jeunesse, avec la séduction. Ça ne sert à rien. Ce qui m’intéresse c’est d’aimer des gens.
Vous avez fait un communiqué pour annoncer votre séparation. Quelle est la stratégie?
Il n'y a pas de stratégie. Si on le fait nous, on nous le prend. On marche sur la tête. On n'aurait pas fait ça, il y a dix ou quinze ans. Nous avons des enfants que nous voulons protéger. On s'aime, on veut garder notre famille qui est notre socle. Il y a tout simplement des choses qu'on n'a pas envie qu'on dise à notre place. On vit dans un monde ou personne n'a pas plus de secret pour personne. Ma femme a fait une réussite extraordinaire, elle a goût, elle est douée, intelligente. Elle ne trahit pas, elle ne ment pas. Elle mérite qu'on la respecte. En le disant, je ne sais pas si j'évite le manque de respect. C'est une tentative.
Ces propos ont été recueillis par Sophie Delassein.