Paul-Loup Sulitzer : "Je me suis retrouvé dans un petit appartement de merde"
Privé de ses villas, costumes, cigares et voitures de luxe, Paul-Loup Sulitzer revient sur sa descente aux enfers en toute humilité dans une nouvelle interview.
L'OBS a interviewé Paul-Loup Sulitzer dans son nouveau numéro du 5 juillet 2018. Après avoir été dans le livre des records comme plus jeune PDG de France, auteur de best-sellers jusqu'aux Etats Unis, égérie pour le créateur Balmain et tant d'autres casquettes qui en ont fait un digne représentant du capitalisme des années 80 et 90, Sulitzer est aujourd'hui ruiné.
Cet ami de Johnny, Jacques Chirac ou Fidel Castro vit désormais à Bruxelles dans un 100 m², et travaille sur ses mémoires. L'ancien homme d'affaires de 71 ans raconte sa vie – presque – modeste, avec "une retraite de 1500 euros mensuels".
"J'ai bouffé mes réserves. Une fois mes réserves épuisées, j'ai vécu sans fric. Avant, je gagnais jusqu'à 200 000 euros par mois. Net. Je ne suis pas un Bernard Tapie, je me suis retrouvé dans un petit appartement de merde (…) Avant, je vivais dans un palais italien de 450 mètres carrés, rue de Varenne, avec des tableaux Art Nouveau et des sculptures de Carpeaux… J'avais une villa à St Tropez, avec vue sur la plage de Pampelonne… plein sud… ah, j'ai eu aussi un ranch en Arizona, mais bon, j'y allais jamais…"
Pour lui, tout a commencé à s'effondrer dans les années 2000, après un divorce de plus, son troisième, d'une valeur de "10 millions d'euros" d'avec Delphine Jacobson. En 2002, l'auteur est victime d'un AVC qui lui laisse des séquelles.
Quelques années plus tard, il est condamné pour "recel d'abus de biens sociaux" dans l'affaire des ventes d'armes à l'Angola. Le businessman se retrouve privé de passeport pour neuf ans. Fini la Ferrari et les deux Aston Martin. Lui qui avait plus de 200 costumes n'en a plus que deux aujourd'hui. "Je représentais l'homme Balmain"
"Je n'ai jamais été matérialiste. Pour moi, l'argent n'a pas grande valeur."
"Parfois, je me sens proche du plus grand des écrivains français, Victor Hugo, car, comme lui, je provoque des passions d'une grande intensité", affirme t-il, en "toute simplicité"... "Au XXe siècle, je ne vois guère que François Sagan et moi."