Laurent Ruquier: Qui est son petit ami, pourquoi est-il resté discret pendant aussi longtemps ?
Laurent Ruquier, qui est pourtant une figure importante de la télé française, a su garder sa vie personnelle privée. Cependant, nous en savons un peu plus sur son compagnon.
Le Figaro a récemment interviewé Laurent Ruquier, il a parlé de nombreuses choses et nous a donné plus de détails sur son compagnon.
Après ces nombreuses années de radio et de télévision, as-tu le sentiment que les gens savent presque tout de toi ?
Les fidèles d'Europe 1 me connaissent certainement mieux que les téléspectateurs. L'improvisation radio m'amène à parler de mon enfance, de mes parents... Mais les gens vont découvrir certains jardins secrets avec ton documentaire. J'ai accepté de le faire parce que j'étais en confiance. Et puis c'est vrai qu'après vingt-cinq ans de télé et de radio il était peut-être temps, sans tomber dans l'exhibitionnisme, de se dévoiler...
Ta notoriété d'il y a vingt ans est sans commune mesure avec celle d'aujourd'hui. Pourtant, je n'ai pas l'impression qu'elle t'ait vraiment changé...
Sans doute. J'ai encore du mal à admettre quand je croise quelqu'un de connu que nous ayons ce dénominateur commun, que je fais partie du « métier » ou d'une même « famille ». Mais ce sentiment change un peu avec mes nouvelles fonctions dans le théâtre [il dirige le théâtre Antoine avec Jean-Marc Dumontet].Dans ce documentaire, tu évoques ta vie privée, ta vie amoureuse et ton rapport à l'homosexualité. C'est aussi la première fois que ton compagnon, Benoît, parle de toi et de votre vie de couple. Pourquoi tout s'est-il passé si naturellement ?
Parce que c'était toi qui nous interrogeais. Parce qu'il s'agissait d'un film où tous les copains interviennent et qu'il aurait été injuste que Benoît n'y soit pas. Mais c'était surtout à lui de prendre la décision. On nous propose souvent de faire des unes de journaux. Je refuse toujours ! Non pas parce que nous sommes deux garçons, mais parce que je refuse d'exposer ainsi ma vie privée. Je n'ai pas envie de parler de ça pour me faire de la promo. Là, c'est différent, car nous étions dans le cadre d'un documentaire. J'étais en confiance et ce n'était pas racoleur.Benoît confie qu'au début il avait du mal à trouver sa place au milieu de la « bande » qui t'entoure ?
Au début, c'est compliqué de vivre avec quelqu'un qui est connu et qui semble aimé par d'autres, ne serait-ce que par le public. Aujourd'hui, il est lui-même devenu pote avec mes amis. Et puis il ne faut pas exagérer : je ne passe pas ma vie avec ma « bande » ! Il nous arrive souvent de passer des week-ends ou des vacances en couple. Et parfois, tu le sais, je ressens aussi le besoin... d'être seul.
Pour en revenir à l'homosexualité, il y a un moment de bascule dans ta vie, lorsque tu fais ton « coming out » à l'occasion d'un sketch de ton spectacle Enfin gentil... Tu dis que, à partir de ce jour-là, tu as changé physiquement et que tu t'es senti plus à l'aise à la radio comme à la télé...
Je t'accorde que c'était gonflé de le faire sur scène. (Rires.) Mais je l'aurais fait de toute façon. Ça m'a libéré, transformé ! Il faut être le plus possible en accord avec ce que l'on ressent. Et cela ne m'a valu aucun grief. Les gens qui vous aiment continuent de vous aimer ; c'est la même chose avec ceux qui vous détestent. Le plus important, c'est de se sentir bien avec soi-même.Je tenais aussi dans ce documentaire à mettre en évidence le fait que le succès, qui semble aujourd'hui une évidence pour tout le monde, n'était pas du tout acquis au départ. Tu n'as pas cessé d'entendre des professionnels dire de toi : « Jamais il ne fera de la radio », « Surtout, qu'il oublie la télé »... As-tu douté ?Jamais ! (Rires.) J'ai forcément des doutes, comme tout le monde... Mais j'ai une vraie confiance en moi. Sinon, je ne me serais pas battu. (Il réfléchit.) Et encore, je n'ai pas le sentiment de m'être battu... Il y a eu des échecs, mais je n'ai jamais ramé. J'ai toujours été chanceux dans mes rencontres. Quand je n'avais pas de succès à la radio, j'en avais déjà sur scène. Quand la télé m'était fermée, j'avais du succès avec Rien à cirer, sur France inter. On ne m'a pas facilité la tâche, mais on ne m'a pas mis de bâtons dans les roues.Tu as quand même battu un sacré record, celui de l'émission quotidienne la plus éphémère de toute l'histoire de la télé : cinq jours ! Pourquoi est-ce tombé sur toi ?
Parce que Les niouzes était une erreur de casting ! Il était impensable d'imaginer que des gens comme Didier Porte, Isabelle Motrot ou moi puissent avoir une émission à 19 heures sur TF1 en succédant à Hélène et les garçons. Quand on est à terre, beaucoup de gens en profitent pour vous mettre un second pied sur la tête. Mais, même si ça a été dur, ça s'est arrêté d'un commun accord.Dans le documentaire, il y a un scoop. Tu confies que tu as envie de reformer ta bande à la télévision. Pourtant, il t'est arrivé de vouloir t'en débarrasser, non ?
Oui, à des moments de fatigue. Mais, depuis un an, sur Europe 1, avec On va s'gêner, j'ai l'impression de m'amuser encore plus. L'émission ne s'est jamais aussi bien portée. On gagne une nouvelle génération d'auditeurs. Et quel casting ! Qui aurait cru par exemple qu'un Olivier de Kersauson se sentirait aussi vite aussi bien chez nous... C'est le mec le plus adorable qui soit une fois le micro éteint. Donc, je me dis que bientôt quelqu'un va se dire qu'il y a de nouveau un truc à faire avec cette bande.
Un retour qui se ferait sur France 2 ?
Pourquoi pas ? Mais je suis devenu un mercenaire. (Rires.) À 50 ans, l'attachement à une chaîne ou à une radio, on y croit moins... Ce sont les premiers à vouloir se séparer de toi ! Alors, je ne vois pas pourquoi la réciproque ne serait pas vraie.Dans ta bande, il y a eu des personnages incroyables, comme Jean Yanne, Jacques Martin ou même Philippe Bouvard, venu chez toi quand il a été viré de RTL. Y a-t-il quelqu'un que tu regrettes de ne pas avoir eu à tes côtés ?
Il y a des gens derrière lesquels je cours depuis quelques années. Patrick Timsit, par exemple, serait formidable. Il fait partie de ceux qui me font rire et que j'admire. Ary Abittan aussi est plutôt doué. Mais je ne cherche pas ; cela se fait souvent lors de rencontres. Des tas de gens ne sont venus qu'une fois, car ce n'est pas si simple d'intégrer l'équipe.
Ta réussite te permet de gagner très bien ta vie. Jean Benguigui dit à ton propos que, néanmoins, tu te souviens précisément de ce que gagnait ton père.
Dans ce métier, on peut parfois gagner en une heure ce que mon père gagnait en un mois !Ce qui fait ta simplicité, c'est que tu ne te compares pas à ceux qui gagnent plus d'argent que toi. Ton instrument de mesure, ça reste ce que gagnait ton père à l'époque, au Havre ?
Cet instrument ne concerne pas que mes parents, mais aussi ce que la majorité des Français gagne. Cela reste mon échelle de valeur. Alors on dit, il est de gauche et il va dans des hôtels luxueux ou dîne aux meilleures tables. Oui, j'ai cette chance. J'ai travaillé pour cela et je n'en ai pas honte. Mais cela ne m'empêche pas de savoir que la plupart des gens n'ont pas cette chance. De le savoir et de ne pas l'oublier.