logo
AccueilActualitésActu France

EHPAD : les gens outrés parce qu’ils ne peuvent se permettre de garder leurs parents âgés dans les maisons de retraite

Guerry Naissant
27 févr. 2019
21:05

Des familles affectées par le coût extraordinaire des Ehpad, font part des difficultés qu'elles rencontrent à la fin des mois.

Annonces

Avec l'attitude très critique face à la prise en charge de la dépendance, Le président de la Mutualité française (représentante de 450 mutuelles), en la personne de Thierry Beaudet, a exprimé l'attitude de l'association par rapport à la prise en charge de la dépendance au Parisien. Selon lui, la France est très en arrière dans ce type d'investissement comparée à ses voisins européens.

"41 % des Français en perte d’autonomie sont en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). C’est trop ! En Europe, c’est 32 % en moyenne et même 12 % au Canada", précise-t-il dans les colonnes du journal.

Annonces

LES CONSÉQUENCES DIRECTES DU "COUT FARAMINEUX" DES EHPAD SUR LES FAMILLES

Un manque de financement qui fait sentir son effet asphyxiant sur les finances des personnes âgées ainsi que celles de leur famille, comme le constate Thierry Dormeau. Ce quinquagénaire, contrôleur de gestion en Seine-et-Marne, qui vivait dans une famille jusque-là très soudée, très solidaire, a vu en trois mois son "bonheur détruit" quand il dû installer sa mère Pauline (83 ans), souffrant d’Alzheimer, dans une maison de retraite proche de chez lui, fin 2016.

En seulement l'espace de trois mois, les quatre enfants de Pauline font face à des fins de mois plus difficiles. D'ailleurs, deux d'entre eux se sont trouvés dans l'incapacité de partager les plus de 1 200 euros mensuels de facture de l'Ehpad. Après accumulation de dettes sur les factures impayés, la famille fait face à une réclamation de plus de 11 000 euros l’établissement, qui souhaite également le départ de Pauline, mise sous tutelle depuis neuf mois.

Une infirmière aide une pensionnée à marcher dans les couloirs d'une maison de retraite. | Shutterstock

Une infirmière aide une pensionnée à marcher dans les couloirs d'une maison de retraite. | Shutterstock

Annonces

"Je verse 300 euros par mois à l’Ehpad, 10 % de mon salaire. J’attends, inquiet de savoir qui va payer le dû final. C’est l’engrenage du système qui a détruit notre fratrie", se lamente Thierry Dormeau.

Et la famille de Thierry Dormeau n'est pas la seule à rencontrer ses montagnes dressées sur leurs chemins chaque fin de mois, quand il s'agit du "reste à charge" à être acquitté. Elles ne sont pas moins que 585 560 personnes âgées qui séjournent dans ces Ehpad dont le coût est parmi les plus élevés d’Europe.

Les mains d'une personne âgée dépendante dans les mains d'une personne plus jeune. | Shutterstock

Les mains d'une personne âgée dépendante dans les mains d'une personne plus jeune. | Shutterstock

Pour le sociologue, spécialiste du vieillissement, Serge Guérin, "les classes moyennes inférieures" sont celles qui en souffrent le plus puisqu'elles "ne sont ni assez pauvres pour avoir des aides sociales, ni assez riches pour faire face au coût. En somme, les catégories modestes, profil type des “gilets jaunes” !", observe-t-il.

Annonces

Certaines familles de ces classes sont même obligées de passer à la vente de leur patrimoine pour assurer le reste à charge en maisons de retraite, qui, selon Thierry Beaudet, est 10 fois plus élevé en France qu’en Suède, avec environ 2 000 euros pour un pensionnaire en France, contre 180 euros pour un Suédois.

DEUX REFORMES PROPOSÉES

Pour améliorer la prise en charge, la Mutualité française propose une indexation du cout de dépendance sur les revenus des pensionnaires, avec "des tarifs plafonds pour chaque service proposé par l’établissement". Ainsi, on pourra éviter l'évincement des retraités les moins aisés par les Ehpad.

Une personne âgée dépendante ayant une sur sa canne et l'autre dans la main d'une personne plus jeune. | Shutterstock

Une personne âgée dépendante ayant une sur sa canne et l'autre dans la main d'une personne plus jeune. | Shutterstock

Les mutuelles suggèrent aussi la création d'une assurance généralisée et obligatoire qui sera payée à partir de 40 ans. Le prix serait de 10 à 15 euros par mois et cela donnerait la possibilité de générer 500 euros mensuels d’aides aux plus vulnérables qui se trouvent dans les maisons de retraite.

Des dispositions qui ont été prises dans le cadre du projet de loi "Grand âge et autonomie" prévu avant la fin de l’année, quelques jours après le terme de la concertation organisée par le ministère de la Santé sur "Comment mieux prendre soin de nos aînés ?" en automne dernier.

Annonces
Annonces
Articles connexes