Amandine, 33 ans, témoigne après avoir subi des violences policières : "J’ai une commotion cérébrale"
Après le témoignage de Marion, une jeune femme Gilet Jaune, violemment interpellée et humiliée en garde à vue samedi dernier, le site Révolution Permanente nous partage le récit d’Amandine, hospitalisée avec une commotion cérébrale après son matraquage par les forces de l’ordre.
Amandine, 33 ans, assistante vétérinaire et mère de 3 enfants, habitant dans le département des Hauts-de-Seine, manifeste à Paris tous les samedis depuis le 17 novembre 2018.
Mais ce 18ème samedi de contestation, elle l'a fini à l'hôpital, après avoir été tabassée par la police. Dans les propos recueillis par le site Révolution Permanente, la jeune femme donne sa vision des violences.
"Je le répète la violence le gouvernement nous la fait subir depuis plus de 40 ans."
Amandine, Révolution Permanente, le 19 mars 2019
Ce samedi à Paris, la manifestation des Gilets jaunes a enregistré un regain de violence. En effet, de nombreux actes de brise de vitrines et des tentatives d’incendie de plusieurs commerces ont marqué la protestation des Gilets Jaunes sur l’avenue des Champs-Élysées.
Des scènes chaotiques montrant des casseurs sortant de boutiques les mains chargées, presque tous les kiosques à journaux en flammes, des barricades enflammées, des barrières de chantiers, des panneaux au milieu de la chaussée, entre autres… Les images des Champs-Élysées saccagés ont fait le tour du monde.
Mais pour Amandine qui a fini à l’hôpital ce jour-là après son matraquage par la police, "ce n’est pas ça la violence" :
"Je tiens à dire à tous ceux choqués par des vitrines cassées que ce n’est pas ça la violence, la violence n’est pas matérielle. La violence est vécue par beaucoup de gens chaque jour, je pense notamment à nos SDF qui meurent dans la rue dans l’indifférence médiatique la plus totale, la violence c’est également tous ces gens qui n’arrive plus à se nourrir à la fin du mois, la violence c’est nos vieux qui crèvent de froid car pas les moyens de se chauffer alors qu’ils ont travaillé toute leur vie, la violence c’est encore une fois les plus démunis qui en sont victimes cela tout au long de l’année, la violence a lieu chez chacun d’entre nous, la violence ce n’est pas des vitrines cassées. Je le répète la violence le gouvernement nous la fait subir depuis plus de 40 ans."
Amandine prend aussi la défense des blacks blocs qui l’ont sortie d’un mouvement de foule, quand la barricade en tôle d’une des boutiques avait cédé.
"Si les BB ne m’avaient pas sortie de là, je n’ose imaginer ce qu’ils m’auraient fait ! Quand ceux appelés casseurs sauvent des gens des griffes de ceux censés les protéger, où se trouve la réelle casse ?"
La jeune femme accuse le gouvernement de la situation qui dure maintenant depuis 4 mois.
"Je suis parisienne, j’aime ma ville, voir les Champs dans cet état me bousille, mais c’est le résultat de 4 mois de mépris, 4 mois à prendre les français pour des cons, 4 mois à laisser croire que nous n’existions plus. Ce gâchis est de la faute du gouvernement. Dans mon souvenir Mai 68 ne s’est pas fait avec des fleurs. Et l’histoire se répète."
Malgré ses blessures (une fissure et luxation de la main, un hématome sur l’épaule et un traumatisme crânien), elle se dit être "plus déterminée que jamais" :
"Je serai là samedi et tous les suivants, ils ne me feront pas taire. Bien sûr que je suis choquée, mais j’ai pas le droit de lâcher. Pour mes gosses, pour ceux des autres, pour nos vieux : pour l’avenir de mon Pays que j’aime tant."
L'INTERPELLATION MUSCLÉE D'UNE AUTRE JEUNE FEMME GILET JAUNE
Si Amandine a pu fuir l'attaque des forces de l'ordre lors de la manifestation du samedi dernier à Paris, Marion, une autre Gilet jaune a été violemment interpellée.
À la sortie de sa garde à vue 24 heures plus tard, la jeune femme a livré sur sa page Facebook un témoignage bouleversant de ce qu’elle avait vécu.