Une mère qui a perdu sa fille à cause du harcèlement scolaire réagit à la mort d'Evaëlle
Il y a 6 ans, la fille de Nora Fraisse a mis fin à ses jours, à cause du harcèlement scolaire. Ce 21 juin, c’est une autre collégienne, Evaëlle, qui est poussée au suicide à 11 ans. Selon Nora, interrogée par franceinfo, "c’est un aveu d’échec".
"Je m'étais promis, j'avais promis à Marion: 'Plus jamais ça.'"
Suite au suicide de Marion, sa maman a voulu venir en aide aux enfants harcelés avec l’association "Marion, la main tendue". Nora avait à cœur de tenir ici une promesse:
"Il y a une journée 'non au harcèlement'. Il y a le 3020 [une plateforme téléphonique], mais c'est, semble-t-il, méconnu. Je n'accepte pas qu'un enfant mette fin à ses jours. Je m'étais promis, j'avais promis à Marion: 'Plus jamais ça.'"
La photo de Nora Fraisse | Source: franceinfo, Twitter
À cette déception s’ajoute pour la mère l’interrogation, le sentiment de ne pas avoir fait assez:
"Peut-être que si cette jeune fille avait entendu ce qu'on disait, peut-être que si on avait été plus forts, plus vigilants, peut-être que si on avait mis des actions plus fortes au niveau national, elle aurait compris qu'on peut s'en sortir, et peut-être qu'on aurait réussi à dire aux harceleurs que maintenant ça suffit, qu'il faut arrêter."
Des parents unis dans la douleur
Malgré cet échec, la femme reste forte et redouble d’efforts pour être aux côtés des parents meurtris:
"Je connais la douleur, la souffrance, et je comprends qu'il faut donner du sens à ce qui n'en a pas. Je veux dire à ces parents que je suis là, s'ils ont besoin. Il faut continuer le combat, on est forts, on va tenir pour nos enfants et pour tous les autres qui doivent résister."
À l’écoute des enfants
"Si des enfants m'entendent, parlez à vos parents, à un adulte. On est vigilants, on est à vos côtés, il y a toujours des solutions, ne mettez pas fin à vos jours, s'il vous plaît."
Par ces quelques mots, Nora Fraisse s’adresse également aux enfants en ce moment même sur les bancs des écoles, toujours dans l’espoir d’éviter que d’autres commettent l’irréparable.
Le harcèlement scolaire, "une grande cause nationale"
En effet, la citoyenne veut sensibiliser et faire participer le plus grand nombre pour lutter contre ce mal.
Elle part d’un premier constat qui est que "le harcèlement à l'école, c'est un harcèlement qui est pratiqué par un groupe, une meute…", avant d’ajouter "…mais ce n'est pas qu'à l'école. Aujourd'hui, c'est avant l'école, pendant l'école, après l'école, au sport, sur les réseaux sociaux, dans la rue… C'est la société entière, donc moi je milite pour que ce soit une grande cause nationale. Ne limitons pas ça aux parents, aux familles, à l'école. Il faut que la société entière se lève et dise non. Tant qu'on n'aura pas compris que ce n'est pas que du ressort de l'Éducation nationale, on n'y arrivera pas. C'est un fléau mondial."