Victime d'un mariage fictif : “Mon mari m'avait épousée pour avoir un titre de séjour ”
C'est après son mariage que Malika a découvert que l'homme qu'elle aimait ne voulait que des papiers.
Comme rapporté par le site Nouvel OBS, Malika, cette femme de 48 ans qiu pensait avoir trouvé l'amour, était en fait tombée dans un piège, une arnaque : "Une duperie aux sentiments qui a brisé à jamais mon cœur et ma confiance dans les hommes".
Elle a à présent le courage de témoigner afin de mettre en garde les femmes qui pourraient devenir des victimes potentielles du mariage gris. Son expérience date d'il y a 8 ans, et ce n'est que récemment qu'elle a enfin pu se décider à en parler.
"J'ai mis des années à me reconstruire, reconnaît-elle. J'ai fait le deuil du mariage. J'avoue aller à contrecœur aux mariages des autres. Ça reste une épreuve pour moi, ça me rappelle trop de mauvais souvenirs. Je ne me remarierai plus. Pour moi, c'est fini, je ne fais plus confiance aux hommes. Face à eux, je suis un bloc de béton."
A l'époque, Malika est âgée de 36 ans. Tous les matins, elle passe devant un chantier de Marseille, où un certain ouvrier attire son attention.
"Cet homme m'a fait une cour assidue. D'abord des sourires et des bonjours polis, puis il m'a abordée pour faire connaissance. J'ai aimé son culot."
Le jeune homme, algérien et âgé de 8 ans de moins qu'elle, la charme au fil des rendez vous.
"Il était beau, attentionné, galant et tendre. Je n'avais jamais été autant séduite par un homme", confie Malika. Ferhat ne cache pas qu'il est en situation irrégulière. "J'étais tombée amoureuse de l'homme et non d'un statut civil."
Au bout de plusieurs mois, Ferhat la demande en mariage, ce que Malika acceptera tout de suite, convaincue d'avoir rencontré l'homme de sa vie.
"A 36 ans, je voulais des enfants. J'étais la petite dernière de la fratrie et toute ma famille y a cru. Sauf mon père. Il me répétait de prendre mon temps, de faire le mariage religieux, de vivre ensemble avant de passer à la mairie. Mais je croyais au prince charmant."
En décembre 2005, le couple se marie civilement. Quatre mois plus tard, ils s'offrent une cérémonie religieuse. Mais Malika s'apprête à tomber de très haut.
Un an plus tard, l'attitude de son mari n'est plus du tout la même. "Lorsqu'il a reçu son titre de séjour, valable dix ans, le masque est tombé. Je me suis retrouvée face à un inconnu."
Ferhat se met à être très absent, ne rentre presque plus la nuit, dénigre Malika et est même agressif avec elle. "Il m'a annoncé qu'il me quittait, car il ne me supportait plus."
Source : shutterstock
Déjà brisée, Malika se retrouve convoquée au commissariat, où elle apprendra avec stupeur que son mari a porté plainte contre elle pour coups et blessures, dossier médical à l'appui.
Je me suis alors souvenue de ce soir où il était rentré du travail couvert de bleus. Il m'avait dit qu'il avait fait une mauvaise chute et je l'avais cru."
Ferhat demande alors le divorce et s'assure d'avoir les chances de son côté. Selon l'article L 314-5-1 du Ceseda (Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile), l'étranger qui demande la rupture de la vie commune ne peut se voir retirer sa carte de résident s'il a subi des violences conjugales. La plainte est classée, mais Malika riposte.
"Pour retrouver mon honneur, j'ai refusé de divorcer et j'ai demandé l'annulation de mon mariage pour défaut d'intention matrimoniale. Ce mariage n'avait aucune valeur, je voulais qu'il soit effacé de ma vie."
Mais l'annulation de mariage est une procédure longue et fastidieuse.
"Très répandu, le mariage gris est difficile à prouver, explique maître Isabelle Terrin, l'avocate de Malika. Il faut démontrer l'absence de sentiment le jour du mariage."
Dans cette histoire, des témoignages faisant état de la duplicité du mari ont été apportés, et ils ont fait la différence.
Lors du procès, des photos du mariage religieux ont servi de pièces à conviction. Sur celles-ci, on voit "une épouse manifestement amoureuse de son mari, et ce dernier, plus réservé, souriant à peine et ne regardant pas son épouse, même [quand] le couple est seul".
Aujourd'hui, et ce depuis 2011, se marier pour avoir un titre de séjour est puni de 5 ans de prison et de 15 000 euros d'amende.
En 2010, après 3 ans de bataille, Malika a enfin obtenu gain de cause. "Cette décision de justice a été une délivrance. Ce mariage n'a officiellement jamais existé. J'ai retrouvé mon honneur."