Une avocate djihadiste raconte comment les enfants vivent en Syrie et pourquoi ils devraient être ramenés chez eux
L'avocate Sophie Mazas défend les femmes détenues au Kurdistan syrien et réagit au débat qui agite la France sur le retour des djihadistes étrangers.
Ce débat a provoqué la confusion dû à la décision des États-Unis de retirer leurs troupes de Syrie.
En effet, cette décision a des impacts cruciaux qui affectent également le retour de 800 djihadistes européens détenus par les Kurdes.
Face à cette situation, l'Union européenne ne parvient pas à trouver un terrain d'entente. Londres n'est pas disposé à recevoir sur son territoire les représentants de Daech. Berlin en est méfiant et Paris doute de la possibilité de rapatrier 150 prisonniers.
"Si nous abandonnons ces enfants là-bas, nous y laissons aussi notre humanité."
TÉMOIGNAGE DE SOPHIE MAZAS
Sophie Mazas est chargée de la défense de femmes prisonnières au camp de Roj, dans le Kurdistan syrien.
Ce "retour éventuel" a suscité des réactions épidermiques dans la classe politique. L'avocat ne s'attendait pas à la résolution facile de cette affaire mais plutôt à une solution applicable .
"Il ne fallait pas s'attendre à ce que la situation se débloque aussi facilement quand on voit les réactions épidermiques que suscite dans la classe politique la perspective d'un tel retour. Mais alors que propose-t-on ?"
L'avocate remet en question l'application des Droits de l'homme en France et ajoute que chaque citoyen est touché, et que personne n'est à l'abri de cette situation.
"De laisser ces gens aux mains d'une justice qui applique la peine de mort ? Priver ces gens des droits fondamentaux dont chaque Français peut se prévaloir, c'est préjuger de leur cas hors du droit.",
a-t-elle dit, avant de poursuivre par :
"S'il n'y a plus de garantie des droits fondamentaux pour certains, c'est qu'il n'y a de garantie pour personne."
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Le ministre de la Justice a recensé que 75% des enfants détenus sont des enfants très jeunes. Ils sont retenus dans des camps dans des conditions extrêmement difficiles. La mort d'un enfant y est devenu chose courante.
En février 2018, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, envisageait leur retour. Mais cela n'a pas abouti, aucune pratique.
Sophie dénonce la non-responsabilité des autorités compétentes.
Les pays comme la Suède et les Pays-Bas acceptent l'accueil de ces détenus. Pourquoi pas la France?
SOLUTION POSSIBLE
Face à cette situation, Sophie avance des solutions sur le plan juridique et remet en cause la volonté des députés de débattre sur cette affaire.
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"Si l'on craint de voir ces djihadistes condamnés à de faibles peines à leur retour, si l'on estime que dix ans de prison ne suffisent pas dès lors qu'il est établi une appartenance à une organisation terroriste, libre à nos législateurs de réfléchir à d'autres sanctions ou d'autres dispositifs, permettant une réelle réinsertion.
Mais je ne perçois pas de volonté de débattre sereinement de toutes ces choses parmi nos députés. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pas d'autre choix que de gérer le retour de ces Français avec notre réalité juridique actuelle ;
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les lois pénales ne s'appliquent qu'aux faits commis après qu'elles sont votées. Et il serait dangereux pour notre démocratie de soumettre ces individus à une rétention administrative indéfinie afin de s'assurer qu'ils sont enfermés,
comme certains députés le proposent. Une telle rétention méconnaîtrait la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), qui est le corollaire des droits fondamentaux."
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COLLECTE DES PREUVES
La collecte des preuves s'avère être très difficile. Il faudrait enquêter sur place, interroger des témoins, se faire remettre des documents, traduire ces pièces… C'est un travail qui doit, en outre, s'effectuer dans une zone de guerre.
REQUÊTE D'UNE MÈRE D'UN DJIHADISTE
Comme Sophie Mazas, une mère de famille demande le rapatriement de son fils djihadiste. Elle demande le procès équitable à son arrivée en France.