Deux marches blanches ont été organisées en hommage à Julie, la trentième victime de féminicide de l'année
En hommage à Julie Douib, une jeune femme tuée par son ex-compagnon le dimanche 5 mars, environ 3900 personnes se sont réunies en Haute-Corse et en Seine-et-Marne ce samedi 9 mars. C'était le 30e cas depuis le début de l'année, en France.
La victime s'appelle Julie Douib. La jeune femme avait 34 ans et mère de deux magnifiques enfants. Elle a été violemment tuée dimanche dernier à l'Ile Rousse (Haute-Corse) par son ex-conjoint.
Des milliers de personnes se sont mobilisées en participant à deux marches blanches pour rendre hommage à Julie. Une réaction émouvante qui a sûrement touché la famille de la victime, mais aussi les autorités compétentes.
La première marche silencieuse a débuté vers 14 h 00 depuis la résidence où vivait la victime avec ses deux enfants, deux garçons de 8 et 10 ans. Elle s’est achevée une heure plus tard face à la Méditerranée par un lancer de roses blanches dans la mer.
Le même jour, la deuxième marche a réuni près de 900 personnes à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), d’où était originaire la jeune femme de 34 ans.
"Elle n'a pas été suffisamment protégée"
Parmi la foule se trouvait l’humoriste et actrice Muriel Robin, qui avait incarné à l’écran Jacqueline Sauvage. Cette actrice était condamnée pour le meurtre de son mari violent en 2012, après 47 ans d’enfer conjugal, avant d’être graciée en 2016 par François Hollande.
PLUSIEURS PLAINTES NON CONSIDÉRÉES
Il y a une semaine, Julie a été tuée "par deux ou trois tirs d'armes à feu", "dans une situation de séparation très conflictuelle", avait précisé la procureur de la République de Bastia, Caroline Tharot.
Avant cet acte macabre, son père et elle ont mainte fois déposé plaintes : violences, vol, dégradation ou injures non publiques. Malheureusement, ces plaintes n'ont jamais été prises en compte.
Son ex-compagnon avait une licence de tir sportif. Cet homme de 42 ans a été mis en examen pour assassinat et placé en détention provisoire.
RÉACTION DE LA SECRÉTAIRE D'ÉTAT
Face à ce drame, la secrétaire d'État à l'égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa s'était emportée.
"On passe notre temps à dire aux femmes qu’elles doivent parler, qu’elles doivent déposer plainte, (…), et là nous avons une femme qui courageusement avait parlé, était allée voir les forces de l’ordre, et ça n’a rien donné".
Selon Mme Schiappa, Julie est la 30e femme tuée en France par son conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année, soit une tous les deux jours. En 2017, elles avaient été 130, selon le ministère de l'Intérieur, soit une tous les trois jours.
Madame Tharot a souligné que toutes ces plaintes avaient été "traitées" et avaient donné lieu à une médiation pénale infructueuse.
"On n'est pas dans la situation d'une personne qui aurait été régulièrement battue par son compagnon en tout cas, si tel était le cas, ça ne ressort pas des plaintes ou des mains courantes".
Une autre marche blanche en hommage à cette jeune femme est prévue ce dimanche à Ajaccio.
L’ASSASSINAT DE JULIE
Plusieurs femmes souffrent aujourd'hui de violences conjugales mais préfèrent se taire pour différentes raisons.
Pourtant, ce n'était pas le cas de Julie, sa mort était prévisible. Mais que s'est-il passé ?