Guesch Patti : scandale autour de son tube "Etienne" et 24 ans de poursuites judiciaires
Guesch Patti serait à l’origine d’un des plus gros scandales de la chanson française avec son titre “Etienne”. Apparemment, la chanteuse a signé deux contrats en parallèle avec deux producteurs différents.
La chanson “Etienne” de Guesch Patti a été la cause d’une longue bataille judiciaire entre deux producteurs pendant plus de 20 ans.
UNE DOUBLE MISE
En 1987, Guesch Patti sort “Etienne”, un titre avec lequel la chanteuse se place à la tête du top 50 pendant cinq semaines dans plusieurs pays d’Europe.
Ce même disque s’est vendu à un million et demi d’exemplaires, a été certifié disque d’or en France et a fait d’elle la révélation féminine de l'année aux Victoires de la musique la même année.
Mais derrière cet énorme succès se cache une grosse affaire d’escroquerie et un combat titanesque entre deux producteurs, revendiquant chacun les droits de la chanson. Et pour cause ? Guesch Patti a signé avec chacun des deux un contrat "exclusif".
Il aura fallu plus de 20 ans pour enfin mettre un terme à cette bataille juridique.
La chanteuse et comédienne Guesch Patti répète une scène de L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, le 25 septembre 2004. | Photo : Getty Images
LES PRODUCTEURS
La chanteuse avait signé avec le producteur italien Cesare Rancilio, un homme d’affaires à la tête du Groupe Palladium et à l’origine de l’Espace Kiron. Il semblerait même que ce soit lui qui ait découvert Guesch Patti alors qu’elle jouait encore avec le groupe Dacapo.
Pourtant, après avoir bel et bien accepté les conditions de celui-ci, la chanteuse se tourne également vers Marc Britan, quelques mois plus tard, pour signer en parallèle un autre contrat.
Guesch Patti répète une scène de L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, le 25 septembre 2004 au théâtre de la Colline à Paris. | Photo : Getty Images
De ce qui a pu être découvert sur ce deuxième producteur, en se référant surtout à son profil sur Linkedin, l’homme a, semble-t-il, à part sa carrière au sein de la BNP et son rôle auprès du ministère de la Culture, été le manager de Diane Dufresne, Johnny Clegg ou encore Demis Roussos.
UNE ENQUÊTE LANCÉE
Bien que le contrat signé par la chanteuse et Cesare Rancilio reste introuvable, il est indéniable que celui-ci a bel et bien été signé par les deux parties, le 31 janvier 1987. D’ailleurs, il semblerait que le nom de Cesare Rancilio apparaît sur les premiers exemplaires du disque Étienne.
Malgré cela, Guesch Patti a tout de même décidé de signer un nouveau contrat avec Marc Britan.
Patti Guesh à la maison. En France, en novembre 1992, Guesch PATTI, chanteuse, chez elle, assise dans un fauteuil dans le salon de son appartement. | Photo : Getty Images
Le contenu de ce nouveau contrat portait, selon Marc Britan, sur un accord conclu avec Cesare Rancilio pour transférer tous ses artistes, y compris Guesch Patti, vers Comotion Musique, une société que les deux hommes auraient créée.
En octobre 1987, EMI reprit ce nouveau contrat et racheta la chanson Étienne, pour 483.231 euros. EMI produira d’ailleurs plusieurs des chansons suivantes de la chanteuse.
La chanteuse et danseuse française Guesch Patti sur le tournage de son clip Melomane. | Photo : Getty Images
Mais il ne fallut pas longtemps à Cesare Rancilio pour se rendre compte du manège qui était en train de se dérouler sous ses yeux. Il s’est alors saisi de la justice et a porté plainte pour "faux et usage, escroquerie, abus de biens sociaux, abus de confiance".
Une enquête a alors été lancée et finalement, plusieurs témoignages ont montré que Marc Britan a antidaté le fameux nouveau contrat avec Guesch Patti. Marc Britan finira par avouer avoir pris cette décision pour le bien de toutes les parties.
La chanteuse française Guesch Patti en concert lors du Printemps de Bourges en mai 1991, France. | Photo : Getty Images
"Il fallait pour toutes les parties que le nouveau contrat démarre avant la sortie d'Étienne qui a eu lieu en avril 1987",
UNE CONDAMNATION POUR USAGE DE FAUX
Finalement, en mai 1995, le tribunal correctionnel de Versailles tranche sur la question et rend un jugement en faveur de la société de Cesare Rancilio.
Marc Britan est condamné pour "faux, usage de faux, abus de biens sociaux et de pouvoir" à 18 mois de prison avec sursis, une interdiction de gérer pendant 5 ans, et à payer à Comotion Musique 229.694 euros ; une somme qui finit par atteindre 232.712 euros en appel.
Patti Guesh à la maison. En France, en novembre 1992, Guesch PATTI, chanteuse, chez elle, assise dans un fauteuil dans le salon de son appartement. | Photo : Getty Images
Le plus incroyable était le fait que le principal intéressé ne savait même pas qu’il avait été condamné.
En effet, croyant que l’affaire avait été terminée avec “l’ordonnance de non-lieu rendue” par le juge d’instruction, Marc Britan avait décidé de s’envoler pour les États-Unis. Il faut savoir qu'il n'y a jamais eu une quelconque ordonnance de non-lieu.
Pour revenir à Cesare Rancilio, il lui faudra attendre 2011, soit 24 ans après la sortie du fameux titre, après une longue guerre juridique pour récupérer ses droits de producteur. Entre-temps la chanteuse avait déjà résilié son contrat avec celui-ci.
La chanteuse Guesch Patti sur scene a la Fete de l'Humanite le 15 septembre 1990 a la Courneuve, France. | Photo : Getty Images
UNE AUTRE BATAILLE LANCÉE
Une seconde bataille sur les droits d’auteurs a aussi été lancée. Toutefois, la cour d'appel de Versailles a jugé que Cesare Rancilio ne pouvait se prévaloir de la cession à son profit des droits sur Étienne.
UNE BATAILLE TOUT AUSSI ÉPROUVANTE
Cette bataille rappelle sensiblement celle qui portait sur les œuvres de Johnny Hallyday. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d’une confrontation entre producteurs mais entre membres de la famille.
Laeticia Hallyday, David Hallyday, Laura Smet, Jade et Joy Hallyday, à l'enterrement de Johnny Hallyday | Photo : Getty Images
Laeticia Hallyday est notamment revenue sur l'accord qu'elle avait passé avec les enfants aînés de Johnny Hallyday, pour enfin arriver à une entente, dans une interview accordée à "Sept à huit".