
Un célèbre acteur banni du Festival de Cannes 2025 – les utilisateurs critiquent le motif
Le Festival de Cannes 2025 débute sous tension avec l’exclusion d'un acteur français visé par une plainte pour violences sexuelles. Cette décision, saluée par certains et critiquée par d’autres, survient alors que Gérard Depardieu est condamné pour des faits similaires.
Chaque mois de mai, le Festival de Cannes se transforme en vitrine mondiale du glamour, du talent et du cinéma. Mais derrière les flashs des photographes et les sourires figés sur les marches, des scandales éclatent régulièrement, rappelant que la Croisette est aussi un terrain propice aux polémiques.

Tom Cruise, le réalisateur Thierry Frémaux et la présidente du Festival de Cannes Iris Knobloch assistent à la cérémonie du tapis rouge du film "Mission Impossible - The Final Reckoning" lors de la 78e édition du Festival de Cannes, le 14 mai 2025, en France I Source : Getty Images
L’édition 2025 n’échappe pas à la règle : à peine le rideau levé, un premier incident majeur a éclipsé les festivités. L’éviction d’un acteur français fait aujourd’hui trembler les murs d’un festival qui cherche plus que jamais à préserver son image. À deux jours de la présentation du film Dossier 137, l’acteur qui y tient un rôle secondaire, a été interdit de tapis rouge. Une décision sans précédent, prise par le délégué général du Festival, Thierry Frémaux.
Ce geste qualifié, par certains, de fort et symbolique a été salué par une partie de l’opinion publique comme un signal d’évolution au sein des institutions culturelles. À Cannes, longtemps accusé de fermer les yeux sur les comportements inappropriés de certaines célébrités, cette décision semble marquer un tournant.
D’autres voix se sont, toutefois, élevées pour critiquer cette décision avec virulence. Sur la toile, les internautes se sont déchaînés rappelant que le Festival de Cannes n’est ni un tribunal ni une instance judiciaire. Selon eux, écarter un acteur au seul motif d’une procédure en cours revient à instaurer une forme de justice parallèle dangereuse. Pour ces critiques, le rôle d’un événement culturel n’est pas de trancher sur la culpabilité ou l’innocence, mais de respecter la présomption d’innocence tant que la justice n’a pas rendu son verdict.

Capture d'écran du commentaire d'un internaute I Source : Facebook

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L’acteur devait initialement monter les marches aux côtés de l’équipe du film pour le présenter, mais le délégué général du Festival, a pris la décision de l’écarter avant même l’ouverture officielle mardi, en accord avec la production du long-métrage.
Âgé de 34 ans, l'acteur s’est d’abord fait remarquer sur scène dans des adaptations modernes de Molière sous la direction de Tigran Mekhitarian. Passionné de sport et de danse, il s’est illustré ensuite dans des pièces musicales comme Rabelais. Son talent est repéré par Thomas Lilti, qui lui confie un rôle dans la série Hippocrate. Il y incarne un jeune interne des urgences, rôle qui gagne en importance dans la saison 2. Ce succès télévisuel lui ouvre les portes de plusieurs productions, notamment Grand Palais chicha lounge, Irrésistible (Disney+), et Au fond du trou (Arte).
Au cinéma, Lilti lui renouvelle sa confiance dans Un métier sérieux, où il partage l’affiche avec Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulos. Il poursuit dans le polar avec Les Rois de la piste et Un Homme en fuite, avant d’intégrer Dossier 137 de Dominik Moll, en compétition à Cannes 2025.

Thierry Frémaux assiste à la cérémonie de remise des prix du film "Mission Impossible - Fallout" lors du 78e Festival de Cannes au Palais des Festivals, le 14 mai 2025 à Cannes, en France I Source : Getty Images
Mais cette carrière en plein essor est aujourd’hui éclaboussée. Trois de ces anciennes compagnes — toutes comédiennes — l’ont accusé de violences sexistes et sexuelles pour des faits survenus entre 2018 et 2020. Bien que l’affaire ait initialement été classée sans suite, un appel a été déposé, relançant la procédure judiciaire.
Thierry Frémaux a d'ailleurs justifié l'exclusion de l'acteur en soulignant que "la procédure reste en cours", ajoutant que le Festival se devait d’agir de manière préventive.
Théo Navarro-Mussy est, notons-le, loin d’être un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs personnalités du monde du cinéma, en France comme à l’international, ont vu leur carrière vaciller sous le poids d’accusations similaires.
Gérard Depardieu, figure emblématique du cinéma français et objet de multiples plaintes pour agressions sexuelles a, d’ailleurs, été condamné à 18 mois de prison avec sursis. Il a écopé également d’une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles et d’une peine d’inéligibilité de deux ans. Le verdict tombé la veille de l’ouverture du 78e Festival de Cannes a fait l’effet d’un séisme.
Juliette Binoche, présidente du jury cette année, a réagi avec sobriété à cette condamnation, évoquant la "désacralisation" d’un acteur longtemps considéré comme un "monstre sacré". Elle a souligné la chute d’une figure autrefois intouchable, dans un contexte où la parole des victimes se libère.
Loin des scandales purement anecdotiques — tenues provocantes, écarts de langage ou comportements déplacés sur le tapis rouge —, ces affaires de violences sexuelles révèlent une fracture bien plus profonde. Le Festival de Cannes, souvent perçu comme une bulle coupée du monde réel, se retrouve rattrapé par les débats de société. En ce sens, la Croisette devient un miroir, parfois déformant, des tensions et des mutations de notre époque.