
"Je gagne 950 € pour 30 heures par semaine". La déclaration désespérée de Viviane, caissière gréviste à Carrefour
Partout en France, de nombreux salariés de Carrefour ont fait grève ce samedi 31 mars contre la suppression de postes et la baisse de leur prime de participation.
En ce week-end de Pâques où l'affluence dans les supermarchés est toujours considérable, ils n’ont pas hésité à bloquer les magasins pour dénoncer la restructuration de leur entreprise qui prévoit le départ volontaire de 2 400 salariés en France.
Ouest-France nous raconte le témoignage d’une caissière de l’enseigne qui révèle les conditions de travail au Carrefour de Langueux, près de Saint-Brieuc.
Viviane Boulin a commencé à travailler chez Carrefour en 2005. A l’époque on ne proposait plus de contrats de 35 heures aux caissières et donc aujourd’hui elle travaille 30 heures par semaine.
« Je gagne 950 €. Et on dit que nous sommes bien payés, chez Carrefour ! », s'indigne la femme.
Viviane Boulin a également confié que les 5 heures suppelémentaires étaient très pénibles à faire physiquement :
« Si on veut faire 5 h de plus, c’est dans un autre rayon que le sien. Ils appellent ça la polyactivité. Je l’ai fait 2 ans et demi. J’étais à la mise en rayon des yaourts, le mardi matin, de 5 h à 10 h 15. Et ensuite je prenais ma caisse, de 11 h à 17 h. J’ai arrêté. C’était trop de douleurs. Les deux métiers sont durs. Mais, en rayon, tu soulèves beaucoup. Quand tu as trois palettes à décharger, puis qu’il faut aller en caisse et faire d’autres gestes, et tenir depuis 5 h du matin jusqu’à 17 h, c’est vraiment difficile de tenir. »
« Les actionnaires ont été augmentés de 45 %, dit un autre gréviste. Et nous, les salariés, on a vu notre participation diminuée de 90 %. » C’est en effet la goutte qui a fait déborder le vase et a déclenché le mouvement social.
« Carrefour a fait 773 millions de bénéfices l’an dernier, détaille Cyrille Toulot, délégué syndical CFDT, et assistant de vente au rayon bazar. Les salariés, au titre de la participation, se partagent 0,9 % de cette somme. Les actionnaires ont 45 %. Et Carrefour garde le reste. »