Fatigue, larmes : Un interne des soins intensifs se confie sur son travail dans un hôpital régional
La crise sanitaire qui touche actuellement le monde entier est sans précédent et elle est décrite comme une guerre qui n'est pas menée par des soldats.
Chez AmoMama, nous faisons de notre mieux pour vous donner les dernières nouvelles concernant la pandémie COVID-19, mais la situation est en constante évolution. Nous encourageons les lecteurs à se référer aux mises à jour en ligne du Ministère des Solidarités et de la Santé, de l'OMS ou des départements de santé locaux pour rester informés. Prenez soin de vous !
Un groupe de docteurs et d'infirmiers devant les Urgences de Bordeaux le 7 avril 2020. l Source : Getty Images
UN COMBAT
C'est en effet le personnel soignant qui est en première ligne et qui doit faire face à la dévastation déclenchée par le Coronavirus. Certains d'entre eux témoignent et leurs confidences sont tout simplement déchirantes.
L'un de ces témoignages a été publié par le Parisien, un véritable journal de bord rédigé par un interne en réanimation qui officie actuellement en Île-de-France. On y découvre les coulisses du terrible spectacle auquel nous assistons tous depuis plusieurs semaines au jour le jour et on prend ainsi conscience des vies qui sont décimées par le virus :
"Chez un patient hospitalisé hier, son frère est décédé du Covid, sa mère aussi, son père est instable et sa sœur également contaminée".
La tente installée devant les urgences de Bordeaux le 7 avril 2020. l Source : Getty Images
Des familles déchirées, des patients qui oscillent entre la vie et la mort et un rythme effréné qui finit par avoir des répercussions sur le jeune interne de 30 ans. Il évoque ses pauses-déjeuner de dix minutes, ses nuits de cinq heures, seuls moments de répit dans ses journées de travail qui durent quinze heures et qui ne marquent pas véritablement la fin de ses obligations.
L'ÉPUISEMENT
En effet, une fois rentré à l'hôtel presque vide et mis à la disposition des soignants, il doit encore préparer le planning des internes du lendemain, une tâche qu'il apprécie pourtant dans des circonstances normales mais qui lui demande désormais un effort supplémentaire alors qu'il est tout simplement épuisé.
Un véritable surmenage qui le laisse à bout de nerfs, à fleur de peau et qui rend encore plus difficile de voir l'évolution de l'état de santé de certains patients. L'interne qui n'a pas souhaité révéler son prénom raconte à quel point il est inquiet pour les patients de moins de trente ans qui sont pris en charge par son service et qui font des arrêts cardiaques à répétition.
Un travailleur désinfectant les rues de Toulouse à l'aide de javel diluée le 7 avril 2020. l Source : Getty Images
Il raconte le manque de moyens mis à la disposition des soignants, que ça soit les lits pour accueillir les patients ou bien le matériel de protection pour ceux qui doivent les prendre en charge. Il raconte l'horreur de devoir appeler les familles des victimes et leur annoncer qu'ils viennent de perdre un être cher.
Il évoque aussi les effets secondaires de la situation actuelle comme les insomnies mais aussi ses mains qui gercent après avoir été lavées encore et encore pendant plus de trois semaines.
LE MANQUE DE RECONNAISSANCE
Une expérience terrible qui traumatiserait n'importe qui et qui aura des conséquences durables sur la société. Mais malgré les sacrifices du personnel soignant certains ne seront pas reconnus à leur juste valeur, les internes en particulier.
Des infirmières travaillant dans une clinique de test pour le Coronavirus le 7 avril 2020. l Source : Getty Images
Dans son journal, il explique ainsi que tous ces sacrifices et ces heures supplémentaires ne seront pas rémunérées pour les internes à moins qu'ils aient été réquisitionnés. Bien entendu, tant qu'il y aura des patients à soigner, il continuera à faire son travail, mais il sait désormais qu'il ne sera pas reconnu à sa juste valeur.