Décès d'Evaëlle Dupuis, 11 ans : l'enquête sur le suicide d'une "sans ami"
De nouvelles informations ont été révélées dans l’affaire Evaëlle Dupuis, la jeune fille de 11 ans qui avait mis fin à ses jours le 21 juin 2019. Zoom sur les résultats de l’enquête.
La douleur est encore présente dans le cœur des parents de la petite Evaëlle Dupuis. La fillette de 11 avait s’était suicidé en se pendant au-dessus de son lit. L’enquête diligentée pour mettre en lumière les causes de cette décision pour le moins déconcertante a révélé des faits de harcèlement en milieu scolaire.
HUMILIATIONS
Comment peut-on envisager de se suicider à seulement 11 ans ? C’est la question douloureuse que Marie et Sébastien ont dû se poser en trouvant le corps de leur fille, ce matin du 21 juin 2019, à la veille des vacances scolaires.
Tout avait pourtant commencé près d’un an plutôt lors de la rentrée scolaire 2018. À l'époque, la jeune Evaëlle Dupuis était une élève qui faisait son entrée au collège Isabelle-Autissier. Blessée à la cheville, elle n'était pas suffisamment en forme pour porter son sac de classe aussi, ses parents avaient choisi de lui donner un classeur pour toutes ses matières.
Une décision que tous les enseignants avaient comprise, à l'exception d'une de ses professeurs. Cette dernière avait commencé par écrire abondamment dans le cahier de liaison de la jeune fille. Des écritures qui cachaient des brimades de la part de cette enseignante.
Peu de temps après la Toussaint, des camarades de classe d'Evaëlle avait prévenu les parents de cette dernière qu'elle était la cible d'humiliations pendant les cours de français. Les parents avaient pris contact avec l'établissement. À la suite de cet épisode, l'enseignante avait quelque peu calmé les choses.
Cependant, Evaëlle n'était pas du tout ravie à l'idée de savoir que ses parents étaient au courant de ce qu'elle vivait. Elle leur avait d'ailleurs dit que sa vie allait devenir un enfer. Des paroles qui avec le recul semblent prophétiques puisque ses trois amies avaient rompu toute relation avec elle.
En plus de cela, l'adolescente était devenue la cible des autres élèves qui lui jetaient des cailloux, la poussaient et parfois même lui portaient des coups. Mais le pire restait encore à venir. Peu de temps après avoir été mise en marge, la professeure de français avait organisé un débat dont le sujet principal était l'exclusion d'Evaëlle.
PLAINTES
Le 18 février 2019, les parents d'Evaëlle avaient déposé deux plaintes, une contre les élèves qui harcelaient leur fille, et l'autre contre l'enseignante, mais la deuxième n'avait pas été prise en compte par le commissariat. De son côté, le principal avait pris sur lui d'écrire une lettre de soutien pour son enseignante, déclaré qu'elle était très attentionnée envers ses élèves.
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Au mois de mars, Evaëlle avait changé d'établissement et avait intégré le collège Georges-Duhamel, là, les choses s'étaient peu à peu arrangées. L'adolescente avait trouvé un petit ami et s'était fait quelques amies, jusqu'à cette dispute avec le garçon en question.
Certains élèves qui avaient alors commencé à évoquer les brimades subies dans son ancienne école, s'étaient faits réprimandés. Ceux-ci lui en avaient voulu. À ce rejet, s'était ajouté le fait que son ancien petit ami avait pris son sac et l'avait jeté par terre. Ce geste fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. De retour chez elle, la petite fille s'était donné la mort quelques heures plus tard.
À la suite de ce drame affreux, les parents avaient une nouvelle fois porté plainte contre l'enseignante. De son côté, l'Éducation nationale avait admis ses responsabilités et avait versé une indemnité aux parents pour le préjudice moral subi.
En ce qui concerne l'enseignante qui n'a jamais véritablement admis son implication dans ce drame, elle a été soumise à une obligation de soins et elle n'a plus de droit d'enseigner. Certains de ses collègues sont depuis sortis du silence et ont brossé un tableau peu élogieux de cette femme qui a à son actif, 32 ans de service.
Comment éviter que pareil drame ne se reproduise à l'avenir ? Pour les parents d'Evaëlle, il faudrait introduire des cours d'empathie dès la maternelle. Il faut que les enfants apprennent très tôt à faire attention aux autres. Les élèves qui ont joué un rôle certain dans cette tragédie ont été mis en examen.
Lentement, la famille d'Evaëlle essaye de refaire surface, même si la peine ne pourra jamais s'effacer. L'aîné de la famille qui était aussi scolarisé au collège Isabelle-Austissier a depuis lors changé d'établissement scolaire.
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