Jura : les soignants en larmes lors de la manifestation d'aide d'urgence
Depuis plus de deux mois, plusieurs services d’urgences en France se mobilisent pour réclamer de meilleurs conditions de travail et de meilleurs soins pour les patients. Après des semaines de mouvement, les manifestants n’ont pas été entendus par le Gouvernement.
Ainsi, le lundi 10 juin 2019, plus de 400 personnes sont venues grossir les rangs des soignants, infirmières, médecins du service des urgences de Lors, dans le Jura.
Le personnel soignant crie fort leur lassitude par rapport à leur situation, et à la précarité des soins dans les Ehpads publics.
“Nos conditions de travail sont horribles, on a du mal à travailler correctement et soigner les gens, c'est frustrant pour le personnel soignant ...
C'est très important de sentir qu'on a la population derrière nous et qu'ils ne nous en veulent pas de mieux les soigner, car on n'en a pas les moyens de le faire”,
a confié Séverine, une infirmière aux urgences.
La raison pour laquelle le nombre a gonflé le lundi 10 juin était l’éventuel arrivé de Macron, pourtant il n’est passé qu’à Ornans dans le Doubs.
“J’ai eu honte de mes soins. Sur les douze heures, je n’ai pas pu prendre rien que dix secondes pour parler avec les patients, les rassurer… J’ai tellement honte…”,
a également confié Alexandre, auprès de 20 minutes.
Alexandre est en effet un infirmier dans l’Orne et se sent fatigué par “les conditions de travail”, comme le cas également de tous ses compagnons.
Après des semaines d’appel sans réponse de la part du gouvernement, les manifestants ont décidé de passer à un autre moyen de pression.
“Je ne suis pas d’accord avec le fait de se faire menacer, se faire harceler par les familles, voir les patients pleurer à force d’attendre, ne pas manger de 21h à 7h, voir un collègue se prendre une droite par un malade, ne pas avoir le temps d’aller aux toilettes faute d’effectifs.
Et je n’en peux plus de voir nos aînés sur des brancards dans un couloir…”,
a expliqué Nada, une aide soignante de Lariboisière, auprès de 20 minutes.
De nombreux soignants ne se sont pas rendus au travail pour une déclaration d’arrêt maladie, comme le cas de certains membres du personnel de l’hôpital Saint-Antoine depuis le dimanche 9 juin, après ceux de Lariboisière. Plusieurs manifestants étaient en larmes lors de la mobilisation.
“Dans mon service, nous avons neuf salles de soins et quinze brancards en permanence dans les couloirs, poursuit Alexandre. Quand on doit aider un patient de 90 ans à faire ses besoins dans le couloir à la vue de tout le monde, cela vous marque…”,
poursuit la jeune femme.
Selon le collectif inter-urgence, plus de 90 services d'urgences en France seraient impactés par le mouvement social.
“Les brancards sont cassés, il n’y a pas assez de pieds à perfusion (on nous appelle Mac Gyver), pas assez de bassins quand ce n’est pas le lave bassins qui tombe en panne, pas assez de draps, pas assez d’oreillers.
Avec tout ça, comment puis-je respecter la dignité des patients ? ”,
s’est demandé Camille, qui travaille à Angers, Maine-et-Loire.
Plusieurs appels à manifestation ont été lancés le mardi 11 juin par l’intersyndicale FO-CGT-SUD. Pour le cas de Besançon, l'intersyndicale CGT, FO et Sud santé sociaux du CHU ont annoncé un rassemblement sur le parvis de Jean Minjoz, vers 14 heures.
Des médecins urgentistes iront également à Paris pour se faire entendre. Face à la situation, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn a enfin réagi. Via un communiqué posté via Twitter, elle dénonce “l’arrêt maladie” des soignants.
En outre, elle a assuré qu’une stratégie d'ensemble serait trouvée.
MANIFESTATION À PARIS
Le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a tenté sans cesse d’intervenir face au mouvement qui commençait à se chauffer depuis le mois d’avril 2019.
Les infirmiers et aides-soignants ont initié une grève illimitée au cœur de la capitale de France.
Le dimanche 14 avril dans la soirée et le lundi 15 avril, les infirmiers et les aides-soignants se sont rassemblés afin de protester pour une amélioration des conditions de travail ainsi qu’une hausse des salaires.