Mère de policier : "Mon fils nous a laissé un petit mot en disant qu'il n'en pouvait plus"
Dominique Cid-Chabot est une mère qui a le cœur brisé depuis que son fils est décédé, mais elle reste debout. Le 4 avril 2019, elle découvrait une nouvelle terrible : son fils, Jean-François Blochet s’est suicidé.
L’homme avait 21 ans de service dans la police, dont 13 dans une brigade anti-criminalité de nuit. Jean-François Blochet était âgé de 38 ans. Il s’est pendu chez lui.
La mère de la victime évoque la vie de son fils et comment ses conditions de travail ont empiété sur sa vie personnelle.
“Je savais que le métier de Jean-François était dangereux. Quand il me disait : je ne travaille pas ce soir, je me sentais soulagée : au matin, je n'aurai pas de mauvaise nouvelle. J'ai appris la mort de mon fils, le 4 avril, alors que je rentrais du travail. Il s'était suicidé à son domicile, dans l'Ain.”
Depuis, la mère du policier est brisée.
“Les affaires de Jean-François ont été rendues à ma belle-fille dans un simple carton. Presque en catimini. Mais aux obsèques, ce sont trois cents policiers qui sont venus”,
poursuit-elle.
“Ils m'ont offert une plaque avec son matricule. Et, encore aujourd'hui, ils restent très présents. Son major est venu à la maison pour me dire que tous les soirs au moment de la prise de service, ils parlaient de Jeff. C'était sa deuxième famille. Jean-François avait vingt-et-un ans de police derrière lui dont treize à la Bac de Lyon”,
continue-t-elle attristée.
Dominique Cid-Chabot déplore les conditions de travail des policiers qui prennent de gros risques. Elle révèle que son fils s’est rapproché d’elle peu avant le jour de son suicide :
“Les jours qui ont précédé, je l'ai senti se rapprocher de moi. Lui qui s'épanchait si rarement, il s'est ouvert. Je m'en réjouissais sans comprendre ce qui se jouait au plus profond de lui. Il est parti quelques jours plus tard, en laissant des lettres. Il avait organisé jusqu'à ses obsèques”.
Elle déplore le manque de soutien de la part des dirigeants des forces de l’ordre :
“À part Christophe Castaner, je n'ai pas senti d'empathie dans la hiérarchie. Je n'arrive pas à comprendre que l'on considère ce phénomène comme une fatalité. Alors, je me battrai jusqu'au bout. Je suis administratrice d'un groupe Facebook ‘Alerte police en souffrance’, créé à l'initiative de Franck Baudry, retraité de police et qui doit se constituer en association”.
Entre temps, les victimes se font plus nombreuses. Déjà plus de 46 policiers se sont donné la mort depuis le début 2019. Découvrez le témoignage de la mère de Benjamin, le policier décédé à Toulouse.