Emprisonné à tort à perpétuité alors qu'il n'avait que 16 ans : le drame de Patrick Dils
Le 22 février 2021, France 2 a diffusé “Je voulais juste rentrer chez moi”, un téléfilm tiré d’une histoire vraie, celle de Patrick Dils, un homme condamné à la perpétuité pour un crime qu’il n’a pas commis. Il n’avait que 16 ans à l’époque.
Qui ne connait pas Patrick Dils, ce jeune homme condamné en 1989 pour le meurtre de deux garçons ? C’est une histoire affreuse, en effet.
À plusieurs reprises, la justice s’est trompée de jugement et face à cela, il y a toujours des personnes qui passent des années derrière les barreaux pour des crimes qu’elles n’ont pas commis. Patrick Dils fait partie de ses victimes. Découvrez son parcours.
CONDAMNÉ À PERPÉTUITÉ À 16 ANS
Le 28 septembre 1986, les cadavres de deux enfants ont été retrouvés le long d’une voie ferrée dans la banlieue de Metz. Il s’agissait de Cyril Beining et Alexandre Beckrich. Tout de suite, les enquêteurs ont procédé à l’autopsie.
Et d’après les résultats, les deux enfants ont succombé à de violents coups portés à la tête. Patrick Dils s’est trouvé mêlé à cette affaire, et il est même devenu le principal suspect, étant donné qu’il s’est trouvé non loin de la scène de crime.
Le jeune apprenti cuisinier de 16 ans n’a pas commis les meurtres, et s'il était présent sur la scène de crime à l’époque, c’était uniquement pour son obsession pour les timbres.
En effet, Patrick Dils cherchait des enveloppes dans les poubelles près du lieu du crime. Hélas, il n’est pas sorti comme étant innocent. Au contraire, le jeune homme a été incarcéré pour le décès des deux enfants.
Il a avoué être le principal meurtrier sous la pression des enquêteurs, mais a pourtant assuré à son avocat qu’il n’a jamais tué quelqu’un.
En 1989 alors, le verdict est tombé, Patrick Dils a enduré la plus lourde peine en France, condamné à perpétuité, soit 30 ans de réclusion. C’était la première fois dans toute l'Hexagone qu’un mineur purgeait cette peine.
IL A ÉTÉ LIBÉRÉ DES ANNÉES PLUS TARD
Les avocats de Dils ont tenté à plusieurs reprises d’obtenir un pourvoi en cassation en 1990 et une demande de grâce présidentielle mais en vain.
Alors que Patrick Dils n’avait plus d’espoir, l’affaire a pris une autre tournure en 1997. Un autre homme, Francis Heaulme, a été déclaré suspect. D’après les informations, Francis Heaulme est un tueur en série et il a déjà été condamné dans trois affaires.
Deuxième semaine du procès de Patrick Dils à Lyon, France le 15 avril 2002 - Patrick Dils et ses avocats. | Photo : Getty Images
Le suspect a alors été interrogé sur le double meurtre de Montigny-lès-Metz. Il aurait confirmé être présent sur le lieu du crime, mais a nié toute implication sur le meurtre. De leur côté, les avocats de Dils ont profité du moment pour introduire un pourvoi en cassation et il a été finalement accepté.
Cette décision impliquait que Patrick Dils soit déclaré innocent. Toutefois, il n’était pas encore sorti d’affaire. Deux possibilités se sont présentées : soit l’accusé fait appel à la Cour d’assises soit il demande un procès public.
Une nouvelle instance a alors eu lieu à Lyon. Francis Heaulme était présent en tant que témoin, mais il a toujours nié les faits. Cependant, cela n’a pas empêché Patrick Dils d'être acquitté puis libéré le 24 avril 2002.
PATRICK DILS EST DÉSORMAIS PÈRE DE FAMILLE
En sortant de prison, celui qui est désormais âgé de 50 ans a reçu en dédommagement un million d’euros. Il a construit une nouvelle vie en Gironde. Il s’est aussi marié et a eu deux filles.
Dils lors de l'audition de Francis Heaulme en tant que témoin dans le procès en appel de l'ancien. | Photo : Getty Images
Même s’il coule des jours heureux désormais, le parcours de Patrick Dils n’a pas pour autant été oublié. Pour preuve, cette longue affaire a inspiré certaines personnes à écrire un film, “Je voulais juste rentrer chez moi”, une fiction tirée du livre éponyme paru en 2002.
D’AUTRES PERSONNES CONDAMNÉES À PERPÉTUITÉ
Peu de gens écopent de la lourde peine de prison en France. Jusque-là, seules quatre personnes ont subi la condamnation à perpétuité. Il est à noter que cette dernière consiste à emprisonner un criminel jusqu’à sa mort ou à une très longue durée.